Il fut un temps où on espérait toujours récolter nos céréales à la bonne humidité directement aux champs. Préparer les séchoirs, les élévateurs et les vis, faire des ménages et des purges partout. C’est de la job! À première vue, ça nous paraissait une perte de temps et d’énergie. On a vite réalisé que notre paresse nous causait des pertes aux champs en quantité et surtout en qualité.
Rien de pire que de laisser au champ une belle récolte de blé quelques jours de trop, surtout si on frappe une séquence de pluie. Le taux de toxines et de fusariose peut grimper hors des normes respectables en plus de s’exposer à la verse. Maintenant, pratiquement 85 % de nos céréales sont séchées à basse température. Oui, on peut sécher par air forcé si on a du temps devant nous, mais pour les céréales d’hiver, la fenêtre est serrée : récolte fin juillet, une trentaine de jours de dormance, retour aux champs prêt à semer mi-septembre, séchage des céréales de semence… J’avais l’impression de jouer avec le feu.
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Faire le plein pendant que j’essaie de faire le vide
Je me suis permis une petite escapade à un endroit où j’espérais ne pas trop voir de champs en culture. Question de faire le plein d’énergie en oubliant le plus possible les tracas.
Étant donné qu’on ne doit pas sécher une céréale de semence en haut de 40 oC ou 104 oF, on se donne une marge de sécurité et on s’organise pour ne pas chauffer à plus de 95 oF ou 35 oC. Beaucoup d’air, un peu de chaleur et beaucoup de temps. On a dû faire quelques modifications à nos vieux séchoirs pour arriver à de basses températures. On a surtout réalisé que nos sondes de température existantes n’étaient pas précises. Pour éviter les erreurs, on revérifie avec deux autres types de thermomètres manuels. On peut donc vérifier la réelle température de séchage. Dépendamment de la température extérieure, on doit régulièrement jouer avec les feux du séchoir. En fait, j’aime mieux jouer avec les feux que je peux contrôler, plutôt que d’espérer que mon champ ne passe pas au feu!