Voici pourquoi sous-fertiliser vos prairies de graminées vous coûte cher

Selon l’IRDA, nous sommes capables d’atteindre des rendements de 7 à 12 t MS/ha au Québec

L'azote a des bienfaits importants pour les prairies.

*Vous doutez du retour sur l’investissement de la fertilisation des prairies? Rien de mieux pour illustrer mon point que de faire un exemple partant de deux scénarios distincts et des données documentées.

Dans le premier, on utilise des doses d’azote légèrement supérieures à 100 kg/ha, ce qu’on observe régulièrement pour des champs de graminées. Selon les données de l’IRDA et en utilisant des champs répondant aux standards (pH, fertilité, égouttement, etc.), ces doses nous permettent d’atteindre un rendement de 8,7 t MS/ha dans les régions centrales du Québec. Pour les fins de l’exercice, on assume que les coûts de production par hectare sont équivalents à la moyenne québécoise de 2023.

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Établissons maintenant un scénario basé sur les doses d’azote recommandées par les nouvelles grilles de fertilisation du MAPAQ tournant autour de 200 unités d’azote.

On s’entend qu’en augmentant les doses, la seule différence au niveau des coûts repose sur le coût supplémentaires des fertilisants. Pour être certain, utilisons une charge de 2 $ par unité d’azote, ce qui est supérieur à ce qu’on voit sur le terrain en ce moment. Les données de l’IRDA suggèrent une augmentation de 1,2 à 1,8 t MS/ha, selon le type de mélange, au niveau du rendement.

Dans le scénario avec une fertilisation optimale, on constate que le coût de fertilisation à l’hectare a plus que doublé (Tableau 1). Pas étonnant que certains producteurs soient réticents à faire cet investissement dans les prairies! Pourtant, l’augmentation des coûts est faible par rapport au coût de production total.

Il faut regarder le coût de production par tonne de MS pour voir la magie opérer. Même en ayant plus que doublé les coûts de fertilisants, on constate une diminution notable du coût de production par tonne. Pourquoi? Simplement parce qu’on a obtenu plus de rendement et qu’on a dilué nos autres charges en étant plus efficaces. Pour une ferme qui produit 500 tonnes de ce type de fourrages par an, on parle d’une diminution des coûts de 6500 à 12 500 $!

Tableau 1 : Impact économique d’une augmentation de la fertilisation azotée chez les mélanges à base de graminées.

 0-10 % légumineuses, zone 2450-2850 DJ0
Fertilisation moyenneFertilisation optimaleDifférence
Dose d’azote (kg/ha)115210+95
Rendement (t MS/ha)8,710,5+1,8
Coût des fertilisants ($/ha)124314+190
Coût de production total ($/ha)2 1672 357+190
Coût de production total ($/t MS)249224-25
Coût pour produire 500 t MS124 500112 000-12 500
Hectares pour produire 500 t MS5748-9
Teneur en protéines brute (% MS)13,816,0+2,2
 11-30 % légumineuses, zone 2450-2850 DJ0
Fertilisation moyenneFertilisation optimaleDifférence
Dose d’azote (kg/ha)105190+85
Rendement (t MS/ha)8,79,9+1,2
Coût des fertilisants ($/ha)124294+170
Coût de production total ($/ha)2 1672 337+170
Coût de production total ($/t MS)249236-13
Coût pour produire 500 t MS124 500118 000-6 500
Hectares pour produire 500 t MS5751-6
Teneur en protéines brute (% MS)16,217,7+1,5

Mais concrètement, qu’est-ce que ces chiffres veulent dire? La ferme qui investit dans ses prairies pour avoir plus de rendement aura besoin de moins d’hectares pour produire les mêmes fourrages.

Les 6500 à 12 500 $ représentent les ressources nécessaires pour produire les fourrages sur ces hectares superflus. Le producteur qui a de meilleurs rendements économisera donc une partie de ces frais (les charges variables) et investira l’autre partie (les charges fixes) pour produire d’autres cultures sur ces mêmes hectares. Il pourra ainsi dégager une marge supplémentaire pour son entreprise. Et c’est sans compter l’impact important qu’une augmentation de 1,5 à 2,2 % de protéines pourra avoir sur les coûts d’alimentation. Bref, bien fertiliser ses prairies, c’est très payant!

Selon l’IRDA, nous sommes capables d’atteindre des rendements de 7 à 12 t MS/ha au Québec. Les données des groupes-conseils nous confirment qu’il ’est possible de dépasser 7 t MS/ha dans toutes les régions.

Et chez vous, allez-vous exploiter le plein potentiel de vos prairies cet été?

**Texte réalisé par Jean-Philippe Laroche en collaboration avec le Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF). Les propos exprimés dans le texte relèvent toutefois de l’auteur et n’engagent pas le CQPF.

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