48 heures top chrono

Les gens ne réalisent pas que si la FADQ annonce des compensations de 100 millions, pendant ce temps les agriculteurs en ont supporté 20 millions

Publié: 25 juillet 2023

Paul Caplette récolte 2023

On nous avertit que les récolteuses à pois verts devraient être aux champs vers 2h du matin. Le champ est encore beau. On soupire de soulagement à l’idée d’espérer tout sortir avant le prochain déluge annoncé.

Ils arrivent finalement vers 4 heures sous un ciel sans étoiles. Les alertes satellites nous donnent de bonnes précipitations vers 10 heures. Pendant qu’on essaie de maximiser nos heures sans pluie, voilà qu’il s’en pointe une de 37mm en 30 minutes 2 heures plus tôt que prévu.

Le temps que les récolteuses rebroussent chemin le champ s’est rapidement transformé en champ de bataille. Tout le monde est mouillé, les pieds pesants le cœur lourd. Certains travailleurs semblent un peu découragés. C’est l’enfer cette année! On est toujours dans la bouette! Le champ est blanc d’eau!

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Je me suis permis une petite escapade à un endroit où j’espérais ne pas trop voir de champs en culture. Question de faire le plein d’énergie en oubliant le plus possible les tracas.

On sait déjà qu’on ne pourra pas passer à côté d’un certain travail de sol pour replacer tout ça quand le beau temps sera revenu. Il se rajoute plusieurs millimètres de pluie. Le temps que le champ puisse reprendre son souffle nous revoilà dans le même champ deux jours plus tard.

Le sol est quand même portant mais on s’entend que ce n’est pas l’idéal. On n’a pas eu à sortir les chaines mais les dommages devront être réparés.

Considérant que la qualité des petits pois se joue sur 24 à 48 heures la qualité était déjà moins intéressante jusqu’à ce qu’on atteigne le point de rupture. Ils sont trop durs. On sort! Résultat des courses on a abandonné 35% du champ. En 40 ans de production ce genre de situation nous est rarement arrivé. On doit quand même s’y attendre même si on espère toujours passer à côté.

On entend souvent qu’on a la chance d’être assuré. Le commun des mortels entendra aux infos que la FADQ aura versé plusieurs millions de dollars en compensation. C’est certainement mieux que rien mais les gens ne réalisent pas que si la FADQ annonce avec fierté des compensations de 100 millions, pendant ce temps les agriculteurs en ont supporté 20 millions! En plus d’avoir joué dans la bouette, avec des travaux de reconstruction du sol en surprime.

Alors quand je me fais poser la question par un citoyen qui veut comprendre un peu plus, je lui retourne toujours la question : Ton auto de 50 000$ imagine si ta franchise était à 10 000$! Ça aide à leur compréhension.

Sommaire de l’événement :

Récolte 2 heures plus tard, la pluie 2 heures plus tôt, 50 mm de trop, 36 heures de ressuyage et récolte environ 4 à 6 heures trop tard pour au minimum sortir une récolte de consommation. Pas le choix de regarder devant! C’est maintenant le tour au blé d’automne.

Profession agriculteur

À PROPOS DE L'AUTEUR

Paul Caplette

Paul Caplette

Agriculteur et collaborateur

Paul Caplette est passionné d’agriculture. Sur la ferme qu’il gère avec son frère en Montérégie-Est, il se plaît à se mettre au défi et à expérimenter de nouvelles techniques. C’est avec enthousiasme qu’il partage ses résultats sur son blogue Profession agriculteur.