Dernièrement, j’ai participé à une journée d’information sur la gestion des cours d’eau. Même si ma présentation se déroulait en après-midi, j’ai quand même pris la peine d’arriver tôt afin de profiter le plus possible de la journée. Ça peut paraître répétitif à l’occasion dans mon cas, mais je reste toujours à l’affût des nouveautés tant du côté de la compréhension des enjeux, que des nouveautés dans les actions possibles.
J’entends un intervenant qui nous explique ses observations des dernières années sur la qualité de l’eau en général dans son secteur. Facile: plus il y de boisés, meilleure est la qualité de l’eau! Il explique rapidement que certaines zones s’en tirent bien avec 45-50% de forêt en faisant ressortir que dès qu’il y a un plus fort pourcentage en culture, la qualité du cours d’eau diminue.
Selon lui, les cultures du maïs-grain et du soya impliquent beaucoup de bouleversement de sol, donc de plus grandes pertes vers le cours d’eau qui, elles, entraînent automatiquement une qualité de l’eau médiocre. « Ici, on est chanceux! On a encore certains cours d’eau classés B et C. En Montérégie, oubliez ça! Tous les cours d’eau sont à D! » Tout en prenant le temps de mentionner que malgré les soutiens des programmes Prime-Vert des 15 dernières années, il n’avait pas observé de changement majeur sur la qualité de l’eau. Selon lui, il y a encore beaucoup de travail à faire.
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Faire le plein pendant que j’essaie de faire le vide
Je me suis permis une petite escapade à un endroit où j’espérais ne pas trop voir de champs en culture. Question de faire le plein d’énergie en oubliant le plus possible les tracas.
J’écoute et j’avale de travers! Mon cerveau roule! Wake up! On s’attaque à la mauvaise cible. La qualité de l’eau n’a pas de rapport avec le choix des cultures, mais comment on les produit. Si je joue sur les mots, on n’a pas de travail à faire. C’est tout le contraire. On a du chemin à faire, mais sans travail (du sol). Le travail se planifie dans le processus de culture. Je lève de mon siège quand je vois encore la fameuse note D pour la qualité de l’eau. Je le prends personnel tout en pensant aux agriculteurs en général qui se font pratiquement traiter de « pas bons ».
En fait, la définition est tellement large qu’on sait immédiatement qu’on ne peut l’améliorer. Imaginez un étudiant qui sait déjà en partant que son année scolaire est vouée à l’échec. Il fait exactement comme un cours d’eau : IL DÉCROCHE! Pourtant, on observe une foule d’améliorations de nos cours d’eau, et ce, même s’ils ne méritent que la note D. On devrait aménager des sous-classes avec des données de performances biologiques et fauniques qui pourraient nous permette de mesurer nos améliorations.
De telles affirmations amènent des suggestions de certaines personnes qui, pensant bien faire, proposent un meilleur équilibre en ajoutant des pâturages et des cultures de céréales mélangées. En même temps, de plus en plus de citoyens souhaitent réduire leur consommation de viande. Il ne nous reste même pas 2% de nos surfaces cultivables. On va les reboiser?
En fait, je suis déçu de la présentation qui nous sort les mêmes statistiques. Une fois qu’on le sait, on fait quoi? Dans le bassin versant de la Pot au beurre, on passe à l’action! Dans l’imperfection, selon certaines instances gouvernementales, mais on bouge! Je prends des notes pour bonifier ma présentation de l’après-midi en mettant en évidence notre processus en production végétale. Ça pourrait intéresser le conférencier de l’avant-midi. Déçu de le voir quitter. Probablement qu’il avait un horaire trop chargé. Ou que la présentation de trois agriculteurs de l’après-midi ne l’intéressait pas. Aucune idée.
C’est malheureux qu’il n’ait pu voir et entendre de nouvelles idées et actions qui se passent quotidiennement sur le terrain. Un sentiment qui me revient souvent. Désolant d’entendre un semblant de réticence et de désaveux de certaines améliorations qu’on a déjà faites dans nos cours d’eau, comme si tout était encore à refaire.
En 25 ans, on a fait la tournée quatre fois d’un secteur problématique afin d’évaluer certaines possibilités d’améliorations. Toujours rien de concret. Ce n’est pourtant pas la motivation qui manque. Plus le temps avance, plus ça semble compliqué! Il m’arrive de me dire que je serais mieux de mettre mon énergie dans ce que je contrôle dans le champ et laisser les spécialistes s’occuper du cours d’eau. C’est exactement ce que j’ai fait lors de ma présentation. J’y suis allé à fond dans le partage de notre façon de faire. Profession agriculteur.
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