Défi carbone au quotidien

Sol plus en santé, plus grande biodiversité, une ferme en meilleure équilibre sont des atouts globaux

Publié: 28 novembre 2023

Défi carbone au quotidien

J’ai assisté à un atelier de travail du groupe Agriclimat. Impressionnant tout le travail de recherche qui se fait depuis déjà plusieurs années afin de mesurer et d’évaluer différentes approches qui pourraient nous permettre de mieux nous adapter aux changements climatiques. C’est un défi de taille pour toute la planète. Bien des gens en parlent, mais comment on s’organise pour faire notre part?

J’écoutais les différents points techniques expliquant comment ça marche pour espérer ensuite pouvoir agir en conséquence sur notre ferme. L’ampleur de la tâche est énorme dépendamment du type de production. On réalise qu’on ne peut pas se préoccuper du bilan carbone seulement. On découvre aussi qu’un boisé sans entretien ni coupe se retrouve comme un élément à l’équilibre net. Contrairement à un boisé dans lequel on effectue des coupes stratégiques qui, lui, deviendra un puit de carbone pouvant capter des émissions d’ailleurs sur la ferme.

Pendant l’explication, je me dis : ce n’est pas avec nos 1500 arbres qu’on va se donner beaucoup plus de capacité de captage. Du côté biodiversité, par contre, c’est excellent. On regarde différents graphiques de modèle de ferme en observant les colonnes de captage, d’émission, etc. L’ampleur du travail reste énorme. Un certain doute s’installe. On s’est peut-être trop excité! L’idée de penser atteindre la carboneutralité. Pourquoi? Pour qui? Il me revient en mémoire mes premiers contacts par rapport à la gestion des GES sur notre ferme en 2006. Ça me paraissait tout aussi technique, voire impensable. On a gardé en tête quelques notions de base sur lesquelles on pouvait orienter nos objectifs.

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Le premier, c’était d’atteindre une meilleure rentabilité. C’est à partir de là qu’on a commencé à mesurer les effets positifs de notre modeste parc à machinerie. Sur lequel on s’est mis des objectifs de budget maximum annuel à tenir afin de réduire la pression sur notre coup de production. On a ajouté de nouvelles cultures moins exigeantes en énergie autant au niveau des besoins en fertilisation qu’en besoin d’énergie pour le séchage. On a élargi notre système de culture en y intégrant des cultures courtes derrière lesquelles on a pu semer des couverts végétaux haute performance qui nous ont guidé vers des économies de quantité d’azote minéral.

Avec des sols plus en santé, mieux équilibrés, ça nous a permis d’augmenter graduellement nos surfaces en semis direct. Qui dit semis direct, dit moins d’utilisation des équipements, donc une plus longue durée de vie. Un point additionnel à ajouter dans les avantages du semis direct par rapport au besoin de remplacer les équipements moins souvent. Moins de fabrication, moins d’énergie pour les fabriquer, la roue tourne. Pour se retrouver en 2018 avec un bilan global GES qui nous avait surpris. Emballé! Petit train va loin, sans tambour ni trompette, on avait tenu le gouvernail vers une meilleure rentabilité, une plus grande capacité de nourrir (+50%) tout en ayant diminué nos GES de 32%. C’est au moins ça de gagné!

Je me dis que la carboneutralité me semble difficile aujourd’hui et qui sait ce qu’on peut réaliser dans le futur. Ça ne se réalise pas facilement et en un clin d’œil. Faut en plus changer notre « coup d’œil ». Notre façon de gérer et se trouver de nouveaux points de repère. Sol plus en santé, plus grande biodiversité, une ferme en meilleur équilibre sont des atouts globaux à tenir compte. Prenons notre « gaz égal » (ça dégage encore moins de GES). Une étape à la fois. On a le potentiel et la volonté de réussir! Pour qui? Pour nos enfants! Pourquoi? Parce qu’on est fier de ce qu’on est! Profession agriculteur.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Paul Caplette

Paul Caplette

Agriculteur et collaborateur

Paul Caplette est passionné d’agriculture. Sur la ferme qu’il gère avec son frère en Montérégie-Est, il se plaît à se mettre au défi et à expérimenter de nouvelles techniques. C’est avec enthousiasme qu’il partage ses résultats sur son blogue Profession agriculteur.