L’arroseur arrosé

Publié: 4 juillet 2023

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maïs grain

Dans un texte précédent je souhaitais une bonne douche. Plus le temps avançait et plus on était de gens en mode danse de la pluie sans oublier les régions qui flambaient causant un épais nuage de fumée. Quand c’est rendu que la région de Montréal passe en position numéro 1 mondial pour la pire qualité de l’air! Ça commence à chauffer.

Et voilà que tout doucement les prévisions météo nous annoncent de la pluie à venir. Les quantités disparaissent et s’éloignent dans le calendrier. Un phénomène qu’on vit depuis déjà quelques années. On finit par ne plus y croire et on continue nos organisations de chantier en se disant que le 30-50 mm annoncé va fondre comme de la neige au soleil.

blé traitement fongicide
Avec cette séquence interminable de temps couvert et bruineux les indications de risques d’infection sont au rouge. Traitement en cours pour s’assurer de la qualité de la récolte.

On avait des pulvérisations à faire qu’on retardait en se disant une petite pluie…ça va faire germer une autre vague de mauvaises herbes et on pourra toutes les attraper immédiatement après la pluie. Même chose pour l’application de notre azote dans le maïs.

Et voilà que les prévisions se précisent un peu plus 2 jours plus tard. Le maïs semble vouloir exploser. La panique nous prend et on se dit aussi bien en faire un peu avant la pluie au cas où!  Le temps de faire une dizaine d’hectares et une légère pluie qui s’intensifie fini par nous faire arrêter nos travaux.

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Je me suis permis une petite escapade à un endroit où j’espérais ne pas trop voir de champs en culture. Question de faire le plein d’énergie en oubliant le plus possible les tracas.

Une bonne pluie de 45 mm à Bellevue. Picoudie 4 km plus loin c’est 130mm qui tombe en trombe. Les raies de curages sont pleines, les avaloirs travaillent au maximum. Pas trop de dommages mais une énorme quantité d’eau en un court laps de temps. Je souhaitais une douche! Pas une noyade en plein milieu de la rivière rouge!

Dans ce cas-ci la rivière est plutôt brune laissant entrevoir qu’il y a beaucoup de sol qui a suivi l’eau. Quand des routes en béton et gravier s’érodent, c’est facile d’imaginer la pression sur de la terre à jardin.

Nous voilà devenu l’arroseur arrosé en pleine face par le boyau qui vient de céder sous la pression. Sans oublier les journées suivantes qui en rajoutent une couche de plus à chaque jour. Une vraie séquence de pluie qu’on n’avait pas vécue depuis bien longtemps.

Nos installations d’avaloir ont tenu le coup. Les haricots n’ont pas aimé traîner dans l’eau une douzaine d’heure mais ils devraient s’en remettre.

Profession agriculteur Paul Caplette
Nos petits pois verts ont tout avalé le 130 mm. Aucun stress pour eux. La récolte s’annonce bonne.

On a pu reprendre nos travaux de pulvérisation avec un peu de retard en prenant le soin de changer de produit parce que le stade de la culture était dépassé. Même chose pour l’application d’azote en post-levée pour le maïs grain. Il n’avait surtout pas l’air d’avoir manqué d’azote. Ça frottait fortement sous les équipements mais au moins on n’aura moins de perte de N qu’on aurait surement perdu sous la flotte de 130mm si on l’avait appliqué avant le déluge.

Tout est revenu dans l’ordre maintenant. On reprend le contrôle et on espère que nos cultures vont bien digérer! Profession agriculteur.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Paul Caplette

Paul Caplette

Agriculteur et collaborateur

Paul Caplette est passionné d’agriculture. Sur la ferme qu’il gère avec son frère en Montérégie-Est, il se plaît à se mettre au défi et à expérimenter de nouvelles techniques. C’est avec enthousiasme qu’il partage ses résultats sur son blogue Profession agriculteur.