Je suis encore en train de jongler avec nos chiffres en même temps qu’on s’active à la préparation des équipements. On a des pièces commandées depuis plus de trois semaines qui sont enfin sur le point d’arriver. Des morceaux chez le machiniste qu’on attend. Résultat : l’atelier est plein de travaux en progression et pas grand-chose de complètement terminé.
Vrai que le poste entretien des équipements nous a couté cher dans les deux dernières années, mais pour nous, c’est encore plus rentable que d’acheter des équipements de remplacements qui au final exécuteront le même travail. Si j’ajoute le temps de préparation et de mise en œuvre de nos nouveaux projets à mettre en place pour 2024, ça devrait nous amener à prendre la saison dans le bon sens.
Après une saison difficile, je ressens toujours un certain sentiment de stress et d’incertitude. Un peu comme s’il fallait marcher les fesses serrées sans trop de marge d’erreur. Ce n’est pas la première fois que ça nous arrive. En jonglant avec les colonnes à court terme, ça peut devenir tentant de couper sur les intercalaires, de repousser l’amélioration de la bande riveraine ou carrément d’enlever la culture d’été qui n’a vraiment pas bien fonctionnée en 2023. C’est cartésien et facile à constater.
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Faire le plein pendant que j’essaie de faire le vide
Je me suis permis une petite escapade à un endroit où j’espérais ne pas trop voir de champs en culture. Question de faire le plein d’énergie en oubliant le plus possible les tracas.
Souvenir : années 1988-90. On discutait en groupe de nos futurs défis à relever pour s’en sortir. J’avais parlé de l’importance de la santé des sols. Réponse : on va se sauver les fesses avant de sauver les vers de terre! Vrai que la situation était difficile à l’époque. Et ça illustre que dans de telles périodes, l’idée cucul d’un jeune qui sort pratiquement de l’école n’avait aucune crédibilité. Ça ne nous a pas empêché de continuer notre route et aujourd’hui, 25 ans plus tard, on réalise les avantages d’y avoir cru. Oui avec plusieurs ajustements en cours de route et graduellement on s’est amélioré.
Aujourd’hui, je fais le même parallèle avec nos efforts pour encore améliorer la santé de nos sols, la qualité de l’eau tout en maintenant une saine biodiversité. On a la même planification à faire que ce qu’on fait déjà pour la préparation des équipements. C’est fou le temps et le budget qu’on met dans l’entretien du parc de machinerie en mettant effort et argent sur l’inscription de la ferme sur une belle tôle neuve et bien cirée.
Alors on devrait être aussi méticuleux et fier de la santé générale de nos sols de même que la signature sociale de notre ferme. Pour certains, ça peut paraître cucul d’y mettre autant d’énergie. Et derrière la volonté de plusieurs agriculteurs qui veulent en faire un peu plus, s’en cache d’autres qui ont peur que ces gestes positifs deviennent par ricochet de nouvelles normes minimales.

Pourtant, c’est prouvé qu’en améliorant nos rotations, la santé générale de nos sols tout en maintenant, ou idéalement augmentant la matière organique, ceci nous amène vers des sols plus productifs et plus rentables. Tout en utilisant moins d’intrants qui eux coûtent de plus en plus cher. Et pendant qu’on tente d’y arriver, on récolte des bénéfices environnementaux de grande valeur.
Y’as-tu quelque chose de plus trippant que de démontrer notre savoir-faire en agroenvironnement? Sols en meilleure santé, meilleure qualité de l’eau accompagnée d’une plus grande biodiversité faisant taire ou gêner ceux qui prétendent que le fait de cultiver détruit tout sur son passage.
Eh bien non! Nous sommes capables de démontrer, preuves à l’appui, que nos pratiques novatrices améliorent la qualité de l’eau tout en favorisant une plus grande quantité et diversité d’insectes pollinisateurs sans oublier une présence accrue des oiseaux. Tout ça en réussissant à améliorer la résilience de nos sols qui nous rendent plus performant autant au niveau des rendements que des bénéfices environnementaux qu’on produit. Ajoutons à cela la beauté du paysage agricole qu’on offre.
Donc ça peut paraître cucul pendant une année difficile, mais c’est sûrement positif si on maintient le cap aujourd’hui. C’est donc une approche à continuer sur le terrain si on veut récolter les résultats dans quelques années.
Profession agriculteur
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