La pluie a tellement décalé nos travaux que dès qu’il fait soleil, c’est comme si on voulait tout faire en même temps. On n’est pas capable de travailler le sol dans nos champs de pois vert déjà récoltés. Dès que ça commence à s’assécher, on reçoit une nouvelle pluie. La préparation des champs pour le semis du blé d’automne est déjà arrivée. C’est le temps de semer notre clôture à neige végétale de lin. Le sol est tout juste portant et pour s’assurer de ne rien compacter en profondeur, on décide de travailler le sol en surface, question de briser la croûte que les récolteuses ont créée. De cette façon, l’eau va pouvoir enfin entrer dans le sol. Le danger c’est qu’on ait encore de fortes pluies qui pourraient compliquer les choses. Si le sol se détrempe plus profondément, ça va nous donner tout un jello. Nous sommes à l’heure où il faut tenter quelque chose.
Il y avait une odeur de grenouille dans les grosses roulières de récolteuse à pois. De l’eau et des résidus de pois verts qui se décomposent, ça ne sent pas très bon. Le premier passage est déjà fait. Ça grisonne, mais les prévisions météo changent et nous annoncent encore de la pluie. On aurait peut-être le temps de semer le lin. Le semoir est tellement beurré qu’on en a pour un gros huit heures à le nettoyer afin de s’assurer qu’il ne traîne pas d’autres semences de blé considérant qu’on s’enligne pour un champ de semence sélect.
Chaque fois qu’on sort le semoir, on se fait prendre par une pluie cette année. Devant l’ampleur du travail devant nous, Pierre a un éclair de génie. On change de plan et on prépare notre semoir pour intercalaire. Déjà lavé et aucune contamination possible. Ça peut nous éviter le ménage et on peut facilement semer nos rangées de lin aux 60 pouces. Encore faut-il qu’on ait les heures nécessaires pour finir la préparation du sol. Il va nous manquer de temps, la pluie est prévue dès ce soir.
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Faire le plein pendant que j’essaie de faire le vide
Je me suis permis une petite escapade à un endroit où j’espérais ne pas trop voir de champs en culture. Question de faire le plein d’énergie en oubliant le plus possible les tracas.
On continue les préparations et on souhaite une plus petite pluie que prévue et on pourrait peut-être avoir une bonne possibilité jeudi. En arrière-plan, il y a aussi la récolte du blé de printemps qui approche. Les mauvaises herbes ont pris le dessus. Normalement, on andaine pour faciliter la récolte. Cette année, la météo nous inquiète. On va s’essayer dans la fenêtre du début de la semaine prochaine. Encore faut-il espérer que la fenêtre reste ouverte.
Ce qui me chicote le plus, c’est que les conditions de cette année hypothèquent nos semis d’automne qui, eux, guideront notre production 2024. Une mauvaise année, ça passe, mais deux, c’est autre chose. Tout un défi : cultiver avec un temps un peu trop favorable aux grenouilles! On y arrive, mais c’est fou l’énergie déployée. Un drainage d’énergie! Profession agriculteur.
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