Les sportifs savent qu’après des semaines, des mois ou des années d’entrainement, ce sont souvent les derniers kilomètres, le « dernier set » ou la période de prolongation qui sont les plus difficiles à traverser. Notre blé d’hiver ressemble un peu à ça.
Contre vents et marées, après avoir traversé le temps, la glace, l’inquiétude, une renaissance et une course effrénée de croissance, notre blé d’hiver semé le 6 septembre 2023 arrive à neuf mois de travail et le voici bien préparé pour affronter le dernier sprint des quatre prochaines semaines.
À ce stade, on ne peut plus intervenir, les dés sont jetés. Ça prend de la disponibilité en eau. Le moins de verse possible pour assurer un bon remplissage des grains, suivi de la période de maturation pour réussir une récolte de grande qualité qui, au final, va se retrouver dans votre assiette.

Et tout au fond à l’abri des regards, une plante d’énergie (trèfle) qui patiente et se prépare à exploser dès que le blé va laisser entrer un peu plus de lumière. Il va pomper de l’azote de l’air tout en colonisant le sol de ses généreuses racines qui, elles, feront le bonheur des microorganismes.

Quand même spécial de réaliser qu’après 10 mois de travail au champ sans compter les jours de conditionnement et d’entreposage, etc. Tous ça va nous rapporter à terme environ 24 grosses cennes brutes sur un pain qui se vend plus de 4$. Et pendant ce temps-là, l’épicier engrange environ 1,50$ pour le garder sur ses tablettes peut-être trois jours.
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Faire le plein pendant que j’essaie de faire le vide
Je me suis permis une petite escapade à un endroit où j’espérais ne pas trop voir de champs en culture. Question de faire le plein d’énergie en oubliant le plus possible les tracas.
Faut croire qu’on est vraiment né pour un « p’tit pain » Le système alimentaire est malade, mais il semble que c’est normal. Aussi bien s’en contenter. Par contre, je n’accepte jamais les balles qu’on nous lance à l’occasion comme si on favorisait la hausse de panier d’épicerie! À 0,24$ sur chaque pain, je considère qu’on a fait notre part! Profession agriculteur.
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