Ça n’a pas de prix

L’arrivée de la neige me permet de créer un espace entre la fin d’une saison tout en ayant déjà le pied dans la suivante

Publié: 5 décembre 2023

Maki observe, pas de son, seulement de la belle neige toute neuve. Une belle façon de faire un trait sur la dernière saison avant de complètement sauter dans l’autre. Ça n’a pas de prix!

Wow! Une vraie belle neige toute fraîche! Ça va retarder un peu mon contracteur sur notre maison de même que nos travaux de réparation sur notre veille grange en planches qui sert de remise maintenant. Faudrait fouiller un peu dans notre histoire, mais elle a sûrement 100 ans. J’ai réappris à apprécier l’hiver depuis que je ne fais plus de déneigement. On est déjà à 270 jours à suivre le soleil et la pluie. Une bonne chose d’en garder 95 en mode ralenti.

Maintenant, l’arrivée de la neige me permet de créer un espace entre la fin d’une saison tout en ayant déjà le pied dans la suivante. Sentiment bizarre quand même d’une foule de travaux qui s’accumulent au gré de dame météo. Quand il fait beau, on exécute les travaux extérieurs tout en faisant nos tâches à l’intérieur quand il fait plus froid.

Ce matin, le garage est encombré de projets en marche, mais je profite de la neige. J’ai le loisir de les repousser un peu. J’en profite pour déneiger l’auto de ma conjointe tout en nettoyant l’entrée à la main, question de me tenir en forme. J’avais ma montre sportive au poignet et j’ai réalisé que j’avais fait 3,5 km en nettoyant la cour.

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Je me suis permis une petite escapade à un endroit où j’espérais ne pas trop voir de champs en culture. Question de faire le plein d’énergie en oubliant le plus possible les tracas.

J’enfile mes raquettes pour la première fois cet hiver et je pars à l’aventure dans notre petit boisé. J’avais eu le temps de ramasser les branches cassées au cours des dernières randonnées en bottes. Ce matin, tout est blanc, bien chargé. C’est de toute beauté. Je pense au nombre de fois qu’on se déplace pour aller explorer une montagne et qu’on se retrouve sur une neige tellement dense qu’on n’a même pas besoin de nos raquettes. Ici, il n’y a personne. Je fais mon chemin à mon goût sans aucune contrainte.

Vrai qu’autour d’un boisé, les rendements des récoltes ne sont pas à leurs meilleurs. On peut facilement voir le boisé comme un handicap, une perte de performance de nos champs. Tout comme on peut juger que de laisser 3 mètres sur le bord d’un cours d’eau devient une perte nette pour la ferme. On tenait le même raisonnement quand on a décidé de ne plus faire de déneigement. On peut toujours trouver une raison financière pour expliquer une décision de faire ou de ne pas faire. En quelque part on s’est dit : Qu’est-ce que j’aime faire? Et comment je veux le faire? À quoi ça pourrait ressembler dans 10-20, voire 30 ans?

Ensuite, ça devient plus facile de prendre les décisions qui vont nous y conduire. Décisions pas toujours faciles au moment de les prendre, mais qui finissent par payer. C’est faux! Sur un fichier Excel, on n’y observe aucun gain. Preuve à la main par les analyses de groupes chiffrés. On pourra toujours retourner en arrière et regretter certains revenus que l’on n’aura pas exploités au maximum. Des mètres non récoltés au profit d’arbres, d’arbustes et de plantes mellifères. Notre « rentabilité » ne se retrouve pas sur les 3 mètres de bordure!

On sous-estime le sentiment de fierté et d’un certain devoir accompli dans notre propre environnement. Ce matin, je réalise qu’un petit boisé, ça ne paye pas. D’un autre côté, ça n’a pas de prix! L’émotion, la satisfaction d’avoir créé quelque chose. Un moment, un sentiment de bien-être, d’évasion, de réalisation, d’émerveillement. Un bonus incalculable qui laissera sa trace sur la pérennité de la ferme et de l’environnement dans nos municipalités. Nous sommes les gardiens de nos campagnes. On espère qu’un jour, ça aura son prix. Profession agriculteur.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Paul Caplette

Paul Caplette

Agriculteur et collaborateur

Paul Caplette est passionné d’agriculture. Sur la ferme qu’il gère avec son frère en Montérégie-Est, il se plaît à se mettre au défi et à expérimenter de nouvelles techniques. C’est avec enthousiasme qu’il partage ses résultats sur son blogue Profession agriculteur.