Pause obligée

Déjà 80% de nos récoltes sont sorties du champ

Publié: 31 octobre 2023

Ce n'est pas 3 cm de neige qui nous pousse en mode hiver. Tout ce qui est vivant en dessous va continuer ses travaux dès que le soleil va ressortir.

Notre sol commençait tout juste à respirer un peu et voilà qu’il nous arrive quelques centimètres de neige qui correspondent à plusieurs millimètres de pluie. On a immédiatement une petite pensée pour l’automne 2019 qu’on ne veut surtout pas revivre et qu’on ne devrait pas revivre considérant que statistiquement ce sont des phénomènes plutôt rares.

J’aime mieux me souvenir d’autres évènements qui nous sont déjà arrivés et qu’on a fini par surmonter à force de patience et de travail. Travail dans le sens de nombres d’heures de travail dans un court laps de temps bien au-delà de n’importe quel « lockbook » règlementaire. Nous sommes plusieurs à nous raconter plusieurs situations rock and roll qu’on a finalement réussi à surmonter.

Le stress de l’attente de la bonne fenêtre augmente notre niveau d’adrénaline. S’agit seulement de canaliser ce stress pour dormir sur nos deux oreilles et être fin prêt quand le drapeau vert s’agitera! C’est une des forces de notre système de culture.

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Déjà 80% de nos récoltes sont sorties du champ. Donc c’est plus facile d’attendre la meilleure fenêtre de récolte pour finir nos travaux. Ajoutons à ça qu’on se retrouve avec 90% de ces surfaces occupées et protégées d’un couvert vivant. Donc pendant qu’on tourne autour de l’atelier et des silos, il y a énormément de monde qui travaille aux champs pour nous.

Les tiges de canola servent de clôture à neige végétale pour protéger le blé d’hiver. À remarquer l’ouverture de la tige. Ça laisse passer l’air. Ça agit comme un joint d’expansion s’il y a formation de glace. En plus de servir d’abris pour certains de nos insectes pollinisateurs.

Les vers de terres continuent leur travail tout en entraînant avec eux les autres microorganismes à faire des alliances stratégiques d’échanges de bons procédés. Comme une hirondelle ne fait pas le printemps, ce n’est pas une neige de quelques centimètres qui fait l’hiver. On a encore du temps! Et tout ceux qui sont bien protégés sous un couvert de plusieurs centimètres ont la chance de rallonger leur saison de travail.

Tout est vert et nos vers travaillent et créent des alliances stratégiques avec tous les autres microorganismes.

C’est probablement une des bonnes opportunités que nous amènent les changements climatiques. Le fait d’avoir à l’occasion des gels hâtifs qui pourraient arrêter la croissance de nos cultures tout en ayant par la suite des épisodes plus cléments qui permettent à nos couverts de continuer leur travail, si on a pris soin d’introduire des mélanges qui continuent leur croissance avec des températures de -8 jusqu’à -12 degrés. Bien sûr cette année, on n’a pas eu de gel. Donc la croissance de toutes ces surfaces n’a jamais été ralentie. On reste en mode pause pour le champ pendant qu’on encourage ceux qui travaillent en silence.

Gagnant-gagnant ! Profession agriculteur.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Paul Caplette

Paul Caplette

Agriculteur et collaborateur

Paul Caplette est passionné d’agriculture. Sur la ferme qu’il gère avec son frère en Montérégie-Est, il se plaît à se mettre au défi et à expérimenter de nouvelles techniques. C’est avec enthousiasme qu’il partage ses résultats sur son blogue Profession agriculteur.