Les prévisions pour la journée étaient moches lundi soir. Le terrain commence tout juste à être bon pour la pulvérisation qui est en attente depuis quelques jours. Levé tôt. Il fait noir. Pas de pluie encore. Pendant que j’enfile le déjeuner, je jette un nouveau coup d’œil sur les prévisions révisées. De la pluie vers 7h qui s’accélère dans les heures qui suivent. Sûrement un deux jours additionnels d’attente pour pouvoir revenir aux champs, si je n’y vais pas maintenant.
Les recommandations du produit indiquent d’éviter de pulvériser moins de deux heures avant une pluie. L’image radar indique bien le gros nuage foncé qui vient vers chez nous. Je sors dehors d’un pas rapide comme si chaque minute était cruciale. Mon pif me dit que je peux y aller. Le ciel n’est pas très menaçant encore.
De toute façon, c’est un genre de situation qui m’est déjà arrivé. J’ai pris l’habitude de noter la quantité de pluie tombée dans les heures qui suivent une pulvérisation dans mon carnet électronique de champ. À moins de me faire prendre les culottes à terre avec une douche de 10-20 ou 30 mm en plein milieu d’une pulvérisation.
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Faire le plein pendant que j’essaie de faire le vide
Je me suis permis une petite escapade à un endroit où j’espérais ne pas trop voir de champs en culture. Question de faire le plein d’énergie en oubliant le plus possible les tracas.
Eh oui ça m’est déjà arrivé. Faut dire que j’avais peut-être été un peu baveux avec Dame météo. Elle me l’a bien retourné. Mais 90% des fois où j’ai légèrement étiré l’élastique des recommandations pluviométrie de l’étiquette, je m’en suis très bien sorti. Ça prend quand même les bonnes conditions générales réunies pour favoriser une bonne absorption du produit.
C’est exactement ce que j’ai ce matin, sauf la fameuse prévision de pluie. Alors j’y vais. Je prépare ma bouillie et je fonce vers le champ pendant que je reçois déjà quelques gouttes dans le pare-brise. Je me dis, c’est seulement un avertissement! Le chantier avance le pare-brise est redevenu sec, je lève le volume de la radio et je ressens un GROS YEAH!!
Pas de trace, une bonne absorption et je réussis à terminer ce qui était le plus urgent. Le temps se noirci de plus en plus. L’expérience me dit de ne pas trop pousser ma chance. La pluie arrive 90 minutes plus tard.
L’agriculture ne sera jamais parfaite. C’est moi qui dois arriver à être extrêmement précis dans mes décisions face à un environnement hors de contrôle dans lequel je dois rapidement m’adapter. Garder en tête que je dois avoir une flexibilité d’action, comprendre les éléments à retenir et intervenir quand la majorité des points à surveiller sont réunis.
Et plus les changements climatiques vont se faire sentir, plus je devrai avoir intégré des fenêtres d’opportunités dans notre système de culture afin de diminuer les risques de mes prises de décisions. Un beau défi! Profession agriculteur.
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