À la suite d’une saison difficile, on ressent les effets de la hausse des taux d’intérêt, accompagnée d’une baisse continuelle de la valeur de nos inventaires en silo. Ça gronde en dedans… On serre les fesses et on reste à l’affût. S’ajoute à ça les nouvelles réglementations annoncées depuis longtemps qui s’en viennent. Frappant de constater au fil de nos discussions un certain sentiment d’inquiétude général qui nous fait douter, comme si le « politique » ou « l’environnementaliste » nous dirigeait lentement vers une réduction de notre possibilité de garder nos potentiels économiques.
Pour certains, on se dirige complètement dans le mur. Il suffit de voir un échec chez quelqu’un qui a supposément manqué son coup pour emballer la légende rurale sur le fait que ces nouvelles façons de faire ne sont pas productives. Voilà que la campagne gronde. Pourtant, le fait d’aménager graduellement notre système de culture dans un but d’atteindre une stabilisation, voire une augmentation de notre matière organique, nous enligne directement vers des sols plus résilients et plus productifs. Si en plus, on peut capter du carbone en surplus pourquoi pas. Bien entendu, on doit investir en temps pour bien intégrer ces techniques graduellement. Pourtant, on sent un sentiment d’insécurité. On a tendance à rejeter le premier échec d’une nouvelle façon de faire rapidement en se disant que ça ne fonctionne pas. Tendance qu’on n’a pas après une saison désastreuse dans nos pratiques conventionnelles. On a perdu notre sens de l’observation. Les nouveaux programmes qui ne sont pas parfaits, mais qui sont là exactement pour cette raison, nous accompagnent dans un nouveau processus. Ça ne règle pas tout, mais c’est déjà ça. Maintenant que le contexte est quelque peu négatif, on entend « nos prévisions sont tellement serrées que ce n’est pas le temps de prendre certains risques ». Parce que oui, pour plusieurs, on considère que ces techniques apportent des risques.
Soyons francs! On vient de traverser une belle séquence au niveau du prix de nos céréales dans les dernières années. Et dans cette séquence, on sortait le même genre de commentaire. En fait, la campagne gronde d’inquiétude. De réglementation souvent mal comprise. Tout en s’inquiétant de la campagne européenne qui gronde à son tour.
À lire aussi

Faire le plein pendant que j’essaie de faire le vide
Je me suis permis une petite escapade à un endroit où j’espérais ne pas trop voir de champs en culture. Question de faire le plein d’énergie en oubliant le plus possible les tracas.
Profession agriculteur.
Pour lire d’autres blogues de Paul Caplette, cliquez ici.