Il arrive qu’à l’occasion je sorte le slogan : Ouvrez l’œil! Les champs changent. Pour moi c’est une façon d’imager que si on prend soin de bien observer le paysage des campagnes on constate une multitude de changements de pratiques et d’aménagements.
Encore faut-il comprendre que l’agriculture ne se limite pas à une sortie « Montréal-Québec » sur l’autoroute 20. On se doit d’entrer dans les campagnes si on veut s’imprégner de la réalité du terrain tout en admirant le paysage.
En fait « Ouvrir l’œil » c’est la première étape de conscience du changement. L’étape la plus cruciale c’est bien : changer d’œil, apprécier autrement, regarder ailleurs, plus loin.
À lire aussi

Faire le plein pendant que j’essaie de faire le vide
Je me suis permis une petite escapade à un endroit où j’espérais ne pas trop voir de champs en culture. Question de faire le plein d’énergie en oubliant le plus possible les tracas.
Ça peut aller dans le sens de notre appréciation d’un beau champ en culture. Il est vrai qu’on a longtemps été habitué à admirer le démarrage de beaux rangs de cultures bien verts sur un fond brun foncé après une pluie. Ça contraste avec un champ en semis direct. C’était une de nos premières difficultés au départ quand on a commencé. Aujourd’hui on regarde le champ autrement.
On s’est donné de nouvelles références au fil de nos apprentissages. Et à chaque fois qu’on est confronté à une épreuve, que ce soit une sècheresse ou un printemps froid, le fait de réaliser qu’il y a à l’occasion des différences marqués entre notre façon de faire et la façon entre guillemets plus traditionnelle, on a tendance à se remettre en question.
Comme si on avait un automatisme qui nous incite à revenir à ce qu’on a déjà connu ou fait dans le passé. Ça peut expliquer certaines hésitations quand vient le temps de faire autrement parce qu’au fond c’est toujours plus rassurant quand on fait partie de la majorité.

Le changement et l’innovation ça demande des objectifs clairs et un plan graduel de transition. Le fait d’échanger nos défis avec d’autres agriculteurs peut fortement nous aider à constamment progresser.
On doit se créer nous-même de nouveaux points de références afin d’atteindre nos objectifs. On est tous un peu comme ça!
Il y a encore une foule de gens pour qui le parfait gazon ressemble à un terrain de golf et qui font de l’urticaire dès qu’ils aperçoivent un pissenlit. Alors que ce n’est qu’une appréciation esthétique.
Pour un agriculteur, l’effort mental est encore plus imposant si en plus on peut se sentir déstabiliser au moindre doute de rentabilité économique. On se doit donc d’observer autrement, de comprendre que la réussite d’une saison ne se décide pas sur un détail ponctuel mais bien sur l’équilibre de plusieurs détails qui s’additionnent au fil d’une longue saison.
Donc que ce soit le fait de voir notre bande riveraine autrement, de voir quelques arbres ou arbustes qui obstruent l’immensité en largeur ou en longueur de notre terre ou la hauteur du mais à la st jean baptiste il suffit de changer d’œil afin de mieux s’adapter aux changements.
Profession agriculteur