Cette année, c’est la première fois qu’on a une plus grande surface en céréales qu’en maïs-grain. Non pas que la culture du maïs soit à proscrire, mais bien une réelle progression vers un système de rotation équilibré sur l’ensemble de la ferme.
Plus on apprend à comprendre les besoins de cette culture, plus on se sent à l’aise dans le processus de production. Ce qui nous a permis de repousser nos records de productions dans les dernières années. Tellement excité qu’on s’est permis de rêver qu’on pouvait se donner l’objectif d’atteindre 10 000 kg/ha. L’année catastrophique 2019 suivie de 2020 qui fut assez moche dans l’ensemble, nous ont refroidi, mais cette année, wow!

On démarre avec une reprise hivernale exceptionnelle. Les populations sont uniformes en plus d’un beau 60 mm de pluie en avril. On a senti que c’était « l’Année » pour atteindre notre objectif. Suivi régulier au champ, régulateur de croissance et fertilisation fractionnée pour maximiser nos chances de réussite. Analyse foliaire avec ajustement, sel d’Epson, bore, manganèse. On a gardé des bandes témoins pour mesurer les résultats à la récolte. Dans notre souci de réduire nos utilisations de pesticides on a pu sauter le fongicide à T1 tellement le blé était en santé et nous voilà rendus à la sortie de la feuille étendard et le feuillage est tout aussi en santé.

Normalement on traite systématiquement à ce stade pour garder le feuillage vert le plus longtemps possible et on se permet de sauter le fongicide sur l’épi deux fois sur trois quand on suit de près les possibilités d’infection sur le site Agrométéo. Alors, je traite maintenant en me disant que j’ai deux chances sur trois de ne pas traiter au stade T3 ou je passe le stade d’intervention sur la feuille étendard pour assurément traiter au stade T3? Certains spécialistes parlent de trois boisseaux par jour de gains additionnels si on parvient à garder les feuilles bien vertes. Si on obtient 15 jours ça donne 45 boisseaux, 1200 kg/ha! Et si c’était ce 1200 kg/ha qui nous a fait plafonner à 8800 kg/ha la dernière fois? Je ne peux pas passer à côté d’un tel potentiel. Les résultats dépendent aussi de la variété. Le meilleur moyen de le savoir précisément c’est de se garder des bandes témoins pour bien évaluer les réels bénéfices de traiter ou non. Je jongle avec la stratégie à adopter voire même le produit à utiliser. J’ai sorti mes loupes pour bien observer la progression de la santé des feuilles. Quand on est si près du but chaque petit détail compte.