Pas facile de faire des traitements herbicides

Entre sécheresse et températures extrêmes, les traitements herbicides sont difficiles à faire ce printemps

Publié: 6 juin 2023

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Repousse de graminées après un traitement avec un antigerminatif qui n’a pas été activé par la pluie.

La sécheresse des dernières semaines est venue compliquer la vie des producteurs qui ont des traitements herbicides à faire. « Certaines régions, comme le Bas-Saint-Laurent, ont reçu un peu plus de pluie que d’autres, mais de façon générale, on manque d’eau », rapporte Julie Lacasse.

Mais la sécheresse ne représente qu’une partie du problème. Selon la directrice de territoire – Centre du Québec et Rive-Nord – chez Bayer, une autre problématique s’est ajoutée ce printemps : les variations extrêmes de température. « On a déjà connu des saisons avec un tel degré de sécheresse, mais sans qu’il y ait d’aussi grandes variations de température », fait-elle remarquer.

Celle-ci rappelle que tant la chaleur que le froid peuvent nuire aux herbicides de contact. « Pour être efficaces, ces herbicides doivent s’appliquer quand la température de nuit est supérieure à cinq degrés, explique-t-elle. Sinon, les mauvaises herbes ne sont pas en croissance active. Certains producteurs n’ont donc pas pu pulvériser ou s’ils l’ont fait, l’herbicide a pris beaucoup plus de temps que normal pour faire son travail », ajoute Julie Lacasse.

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« De la même façon, poursuit-elle, quand les mauvaises herbes ont trop chaud, elles tombent en arrêt de croissance, ce qui réduit leur réceptivitié au produit, explique-t-elle. Ainsi, au-delà de 25 degrés, la plante a le réflexe de fermer ses stomates pour préserver son humidité. »

Pour leur part, les herbicides antigerminatifs ne sont pas affectés par les températures extrêmes comme les produits de contact. Par contre, il leur faut de la pluie pour agir. « Ces produits, qui sont utilisés notamment sur le soya IP, ont besoin de 25 mm d’eau pendant les dix jours suivant la pulvérisation pour être activés », note-t-elle.

Cela dit, les prévisions météorologiques des prochains jours autorisent un certain optimisme. La partie Est du Québec recevra vraisemblablement une quantité appréciable de pluie. La partie Ouest, probablement moins toutefois. Mais au moins, il n’y a ni excès de chaleur ni froid extrême à l’horizon. « Cette température raisonnable sera favorable aux produits de contact », estime Julie Lacasse. Il faudra porter attention à la croissance des mauvaises herbes. En Montérégie, où j’étais tout récemment, le maïs a atteint le stade 4-6 feuilles. C’est le moment idéal pour traiter. »

« Et tant qu’à traiter, ajoute-t-elle, j’appliquerais aussi l’antigerminatif afin de contrôler les mauvaises herbes qui germeront plus tard. Je ne changerais pas mes plans. Cela évitera d’avoir à faire un deuxième passage. En espérant que Dame Nature se montrera coopérative », conclut-elle.

À PROPOS DE L'AUTEUR

André Piette

André Piette

Journaliste

André Piette est un journaliste indépendant spécialisé en agriculture et en agroalimentaire.