Brasilia (Brésil), 8 décembre 2005 – Les grands pays émergents, notamment le Brésil et l’Inde, préparent les lendemains de la conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Hong Kong en agitant dès à présent la menace d’un échec de cette réunion.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva s’est entretenu mercredi au téléphone avec son homologue américain George W. Bush de la possibilité d’organiser un sommet du G8 et de quelques grands pays émergents en janvier, après la conférence de l’OMC à Hong Kong (13-18 décembre), a annoncé le chef de la diplomatie brésilienne Celso Amorim.
Selon M. Amorim, le président Bush a accueilli avec « sympathie » l’idée d’un sommet G8/émergents après Hong Kong.
De son côté, le ministre indien du Commerce Kamal Natha a évoqué un échec de la conférence ministérielle. « On estime qu’il ne devrait pas être possible de (s’entendre sur) toutes les modalités concernant l’agriculture et les autres produits à Hong Kong et qu’il faudrait peut-être une autre réunion ministérielle au début de l’année prochaine », a-t-il déclaré mercredi à New Delhi.
Le ministre brésilien des Affaires étrangères a estimé qu’à Hong Kong, il pourrait y avoir des progrès « sur les marges mais pas sur la négociation centrale ». « La lecture générale de la négociation centrale est qu’il est difficile, sinon impossible, qu’elle puisse être conclue à Hong Kong », a-t-il dit.
Le Brésil et l’Inde qui ont pris la tête du G20, regroupement de 21 pays en développement, attendent du cycle de libéralisation du commerce mondial lancé en 2001 à Doha, la capitale du Qatar, une diminution substantielle des aides agricoles, des subventions à l’exportation et des droits de douane sur les produits agricoles dans les pays industrialisés.
Le président Lula avait déjà proposé la semaine dernière au Premier ministre britannique Tony Blair, dont le pays assume la présidence du G8, de réunir au sommet les huit pays industrialisés et cinq pays émergents avant la réunion de Hong Kong afin de tenter de donner une impulsion politique au plus haut niveau à ces négociations.
Faute de temps, le président brésilien a proposé à son homologue américain un sommet après Hong Kong réunissant les chefs d’Etat et de gouvernement de 14 à 15 pays, le G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni et Russie), plus quelques pays émergents. Il a également envoyé des messages en ce sens à la Chine, à l’Inde, à l’Argentine et à l’Afrique du Sud.
Le Brésil a accentué mercredi la pression sur l’Union européenne (UE) et, sans la citer, sur la France afin qu’elle fasse davantage de concessions en matière de diminution des tarifs douaniers agricoles.
Selon M. Amorim, le président Bush « partage l’analyse selon laquelle les choses sont bloquées et qu’il faut amener l’Union européenne à faire des avancées », une vision également partagée selon lui par Tony Blair.
« L’Union européenne s’arc-boute » sur ses positions, a estimé M. Amorim, avant de souligner que le Brésil se montrait « ouvert à une négociation sur les tarifs industriels et les services ».
Brasilia fait valoir qu’il a proposé de réduire de 50% ses tarifs industriels consolidés, tandis que l’UE a fait une proposition aboutissant à abaisser –de 46% selon Bruxelles et de 39% selon Brasilia– ses droits de douane sur l’entrée de produits agricoles.
Samedi dernier, le Brésil et l’Inde avaient fait un geste en s’engageant pour le premier à baisser ses droits de douanes dans l’industrie et pour le second à faire des concessions en matière de services, en fonction des efforts qui seraient consentis par l’Europe et les Etats-Unis dans le domaine agricole.
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Source : AFP