Passer de la production de soya IP au soya OGM

Publié: 24 octobre 2023

Le chantier de récolte est deux fois plus efficace en récolte standard que pour le soya IP.

On produisait sur la ferme du soya à Identité Préservé (IP) non OGM depuis une trentaine d’année. Pourquoi? Parce que certains de nos consommateurs se sentent plus rassurés. En plus, on recevait une prime intéressante pour les produire. Une façon pour nous d’augmenter la valeur de nos récoltes.

De notre côté, dans notre système en semis direct, on avait de plus en plus de difficultés à réussir des champs exempts de mauvaises herbes. C’est ce qui a tendance à arriver quand on veut sauver la chèvre et le chou. On veut protéger notre sol et favoriser nos microorganismes par le semis direct, mais d’un autre côté, ça nous amène des défis supplémentaires par rapport au contrôle des mauvaises herbes. Contrôle très bien réussi pendant plusieurs années. Et un peu moins dans les dernières années, à moins de doubler le budget en coût d’herbicide. Une pratique à l’opposé de nos objectifs de réduction des pesticides sur notre ferme.

On a hésité et tout essayé avant de faire le changement. On a mesuré les avantages et les inconvénients. En fait, on se demande si le consommateur comprend bien tous les dessous environnementaux de ce qu’il souhaite. Produire du soya non OGM entraîne l’utilisation de plusieurs molécules d’herbicides. Au final, on parle de niveaux IRS (indice risque pour la santé) et IRE (indice de risque environnementaux) deux fois plus élevés qu’un système standard.

À lire aussi

Naomie Corriveau, Semences Agrinov, Mauricie-Lanaudiere

État des cultures 22 août: Ça passe ou ça casse

Le coeur n’est pas trop à la fête cette semaine dans les champs. Les cultures vivent les conséquences irréversibles de la sécheresse.

C’était donc notre première saison en soya OGM cette année. On a évalué plusieurs avantages : plus grande fenêtre quotidienne de récolte, pas de souci pour les taches, et beaucoup moins d’attention pour réussir le séchage. Même avec les pluies abondantes, on a réussi nos champs de soya les plus propres des cinq dernières années sans trop d’effort. Et surtout beaucoup moins de pesticides utilisés. Pour nous, ça améliore notre système global.

Avec nos surfaces en maïs qui diminuent, il nous manquait de surfaces en cultures « nettoyantes » pour s’assurer de maintenir un bon contrôle des mauvaises herbes tout en réduisant nos quantités de produits. Gertrude serait encore aux champs si on était en production IP. Cette année, elle est au sec en préparation pour notre dernière récolte de la saison. Pour une première fois depuis longtemps, on se retrouve avec un chantier de récolte à jour sans perte de temps ni stress de récolte difficile à venir. Ce qui nous aide à rejoindre nos objectifs de réduction de charge de travail. Rien ne dit qu’on ne fera pas de IP dans les prochaines années. Mais sûrement pas avec 10% de surprime! Le stress, les compétences, ça se paye! Profession agriculteur.

Pour lire d’autres blogues de Paul Caplette, cliquez ici.

Lire aussi:

C’est un départ pour la récolte de soya

Minimiser les pertes à la récolte de soya

À PROPOS DE L'AUTEUR

Paul Caplette

Paul Caplette

Agriculteur et collaborateur

Paul Caplette est passionné d’agriculture. Sur la ferme qu’il gère avec son frère en Montérégie-Est, il se plaît à se mettre au défi et à expérimenter de nouvelles techniques. C’est avec enthousiasme qu’il partage ses résultats sur son blogue Profession agriculteur.