Réussir à optimiser l’azote ne se fait pas à la dernière minute. On doit préparer notre système de culture afin d’avoir des chances d’y arriver. Pourquoi prendre ce risque? Afin d’être plus efficace et de mieux contrôler notre coût de production.
À nos débuts, l’objectif était de faire certaines bandes tests en ne mettant que très peu d’azote. Pas parce qu’on pensait faire du maïs-grain sans azote, mais surtout pour savoir ce que nos sols avaient comme capacité d’en donner. Ça nous a permis de réaliser qu’on avait des sols paresseux et des sols travaillants. Une information importante de base qui peut nous guider dans nos premiers essais.
Grosso modo, chez nous, les sols travaillants vont sortir du 9 à 11 tonnes par hectare avec seulement 50 unités d’azote, alors que nos sols paresseux donnent du 6 à 8 tonnes à l’hectare seulement avec une belle couleur jaune très tôt en saison. C’est probablement la meilleure façon de déterminer si notre système de culture fonctionne ou pas. Donc ça peut nous guider par où commencer pour explorer des façons de travailler avec de moins grandes quantités d’azote.
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Quand il y a plus de sièges disponibles que d’opérateurs
Dans certaines périodes intenses, comme celle-ci, on a l’impression qu’il y a plus de tâches que de ressources humaines. Tout devient une gestion des priorités.
On s’est donc organisé pour bonifier notre système de cultures en ajoutant des plantes de couverture qui pompent de l’azote. Encore faut-il se donner des possibilités d’ajouter une culture courte l’année précédente, afin de réussir soit des intercalaires ou des semis à la dérobée le plus tôt possible en saison.
Le blé d’hiver nous offre cette possibilité. Chez nous, notre plus belle réussite, c’est le fameux trèfle qu’on sème dans le blé d’hiver par vasage en VTT très tôt au printemps. Ça nous offre une bonne couverture à l’automne, beaucoup de racines qui explorent le sol et un bon retour d’azote l’année suivante. Les résultats sont surprenants année après année. Après plus de 10 ans de suivis, on commence à se sentir de plus en plus à l’aise dans cette approche. Et à chaque année, on revalide nos choix de doses appliquées avec des doses de comparaison afin d’évaluer les performances.
Plus on fait des suivis de données, plus on réalise certaines choses. Aussi niaiseux que de réaliser que cette année un 760 kg/ha de plus de rendement peut vouloir dire qu’on a réussi 174$/ha de gain (760 kg*0,23$) qui nous a coûté 176$ d’azote pour y arriver! Les premières 100 unités offrent le meilleur retour sur investissement et les retours des dernières tranches de 40 unités une à la suite de l’autre sont à surveiller.
Un fichier Excel nous permet d’ajuster nos objectifs de rendement en se servant de la valeur de la récolte par rapport au coût de l’azote. On peut donc y aller en fonction du potentiel économique. Toute cette gymnastique nous permet d’atténuer les possibles risques du départ et tout transformer ça en levier agronomique, économique avec en bonus une réduction de nos gaz à effet de serre. Alors on s’organise pour se serrer la ceinture pour un maïs plus « vert ». Profession agriculteur.
Dans cette vidéo, je montre notre trèfle et explique comment on a réduit nos applications d’azote.
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