Les Producteurs en serre du Québec (PSQ) sont inquiets de la concurrence de leurs voisins en Ontario et des impacts financiers de la tarification carbone. Réunis pour leur assemblée générale annuelle à Saint-Hyacinthe, ils appellent le gouvernement Legault à imiter ses homologues des provinces voisines en remboursant les frais liés à la tarification carbone.
En entrevue, le président des PSQ, André Mousseau, souligne que les producteurs en serre du Québec et de l’Ontario jouent sur le même terrain en produisant notamment des tomates et des concombres, ce qui les met directement en concurrence auprès des consommateurs. Les producteurs québécois doivent toutefois débourser des frais supplémentaires concernant le SPEDE (tarification carbone), alors que leurs confrères ontariens n’ont plus à assumer de tels frais.
Le président assure vouloir faire sa part pour l’environnement et les changements climatiques, mais au moment où le Fonds vert est réorienté vers le Fonds des générations, il demande à que le gouvernement québécois respecte cette réorientation des priorités et redonne les fonds versés aux producteurs.
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« Le gouvernement a investi 200 M$ sur cinq ans à la production en serre par le biais du MAPAQ afin d’accroître l’autonomie alimentaire du Québec. On est arrivé à créer une forme de filière, mais pour continuer à croître, il faut en avoir les moyens. Mais avec les pressions financières actuelles, cette filière-là risque de disparaître. »
M. Mousseau donne en exemple son entreprise qui verse 10 000$ par année pour une serre d’environ 40 000 mètres carrés de capacité, ce qui est la grosseur moyenne des serres au Québec. Certaines doivent cependant assumer des frais beaucoup plus importants pouvant s’élever jusqu’à 100 000$. C’est sans oublier d’autres types de charges financières qui s’additionnent actuellement, comme les frais d’emballage et de recyclage que les producteurs doivent assumer.
La concurrence avec les producteurs de l’Ontario se manifesterait également au niveau des frais d’électricité. Selon une étude mandatée par les PSQ, les frais d’électricité dans la province voisine seraient de 4,3 à 4,4 cents le kilowatt alors qu’il est de 5,5 cents le kilowatt au Québec.
« Quand le gouvernement a proposé sa politique sur les serres, on a levé la main. On a investi pour 1 G$ dans les dernières années. On demande à ce que le gouvernement soutienne un secteur qu’il a aidé à développer. »
Le président interpelle les différents ministres impliqués dans le dossier, que ce soit le nouveau ministre du MAPAQ, Donald Martel, ou encore les ministres au Conseil du Trésor et à l’Environnement.
Des annonces attendues
Le ministre Martel s’est d’ailleurs présenté à l’assemblée générale des PSQ où il a indiqué qu’il attendait des réponses aux questions des producteurs. M. Mousseau espère que le prochain congrès de l’UPA à Québec, au début décembre, fournira l’occasion au ministre de faire des annonces.
La pression s’accentue en effet sur M. Martel. Encore ce jeudi (20 novembre), l’UPA, ainsi que plusieurs organisations du secteur horticole (maraîchers, pommes de terre, serres, fraises et framboises, légumes de transformation, etc.) ont demandé aux gouvernements « de poser des gestes concrets afin de soutenir la compétitivité des entreprises et réduire la lourdeur administrative ». Des exemples en rapport avec la conformité de certains produits, la réglementation et la paperasse posent problème. On demande aussi à ce que les programmes de gestion des risques soient actualisés.
D’autres dossiers sont sur la table, dont le code de conduite des détaillants en épicerie qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2026. Il resterait encore à Loblaw et à Métro de signer le code qui est l’initiative de l’ancien ministre du MAPAQ, André Lamontagne. « Ça reste un défi, on ne sait jamais comment on va être payé. Des frais, comme des frais administratifs sont augmentés sans explication alors que c’est le producteur qui se charge de toute la logistique qui précède » illustre M. Mouseau.
Interrogé sur les autres priorités des PSQ, le président pointe vers la mise sur pied de la Chambre de commerce et de coordination que le milieu tente de lancer depuis cinq ans. Le plan final a été déposé récemment à la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec qui aura le dernier mot sur le dossier. Les producteurs en serre espèrent avoir une réponse d’ici les deux prochains mois, ce qui leur permettrait de jeter les bases de la Chambre l’an prochain pour une mise en fonction en 2027.