Combien vaut votre contribution à la famille et à l’entreprise?

Publié: 14 décembre 2024

Un outil veut mesurer le travail invisible.

Les Agricultrices joignent leurs voix à d’autres associations afin de calculer la valeur du travail invisible réalisés par des proches, surtout des femmes, dans le secteur agricole à l’aide d’un outil.  Le travail invisible regroupe des activités non rémunérés, comme la prise en charge des enfants et les contributions, sans salaire ou part égale dans les entreprises familiales. Il augmente le risque pour les femmes de se retrouver en situation de précarité et de faire face à la pauvreté.

Un rapport publié en 2023 a indiqué que les femmes travaillaient « en moyenne 77 heures par semaine, incluant des heures consacrées à des activités non comptabilisées dans les calculs économiques », un chiffre qui est plus élevé en milieu agricole. La même étude ajoutait « qu’environ 37 % des agricultrices mentionnent avoir de la difficulté à concilier leurs responsabilités agricoles et familiales, une situation exacerbée par l’inaccessibilité des services de garde adaptés aux réalités rurales ». Leur travail bénévole est évalué à 108 M$ par année.

Cette réalité expose les femmes à des inégalités et une absence de protections sociales, telles que les congés parentaux ou les prestations de retraite. Une consultation menée en 2016 indiquait que 33 % des femmes travaillant dans l’entreprise de leur conjoint n’ont ni salaire ni part formelle.

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Le travail invisible agricole est également « souvent relié à un essoufflement associé à la conciliation famille-travail, à des difficultés de gestion émotionnelle liées aux responsabilités qui leur sont imposées, à du stress et de l’épuisement au travail et à un accroissement de l’intensité et de la complexité du fardeau quotidien ».

« Ce travail invisible est indispensable au bon fonctionnement des fermes familiales et à la pérennité de notre agriculture, mais il reste dans l’ombre, a indiqué par communiqué de presse Valérie Fortier, présidente des Agricultrices du Québec. Avec cet outil, nous voulons non seulement chiffrer cette contribution, mais aussi sensibiliser la société et la classe digérante à cette réalité dans nos entreprises agricoles. »

L’outil veut permettre de mieux connaitre la contribution de chacun. À terme, les Agricultrices veulent faire pression auprès du gouvernement afin de mettre en place des mesures permettant de mieux les appuyer et les protéger, tout en développant de nouvelles solutions pour équilibrer le partage des tâches invisibles entre les femmes et les hommes.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.