La tache goudronneuse de nouveau détectée au Québec

Publié: il y a 4 heures

La tache goudronneuse de nouveau détectée au Québec

Pour une deuxième année consécutive, le Réseau d’avertissement phytosanitaire (RAP) a fait savoir que la tache goudronneuse avait été détectée dans un champ de maïs au Québec. Un cas avait été signalé l’année dernière, une première pour la province. La maladie est déjà présente aux États-Unis où elle est largement répandue, ainsi que dans le sud de l’Ontario. Elle a été détectée dans la province voisine pour une première fois en 2020 et est maintenant considérée endémique.

Tout comme en 2024, le cas au Québec se trouve dans la région du Centre-du-Québec. Le champ en question est en fait contigu au champ qui avait été affecté l’an dernier.  Le diagnostic a été confirmé par le laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ.

Les impacts sont limités pour ce temps-ci de la saison fait savoir le RAP. « L’apparition tardive des symptômes n’entraîne généralement pas d’impact sur les rendements de maïs-grain, mais peut réduire la qualité du maïs-ensilage si les plants se dessèchent prématurément », peut-on lire dans le rapport.

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Une maladie en progression

Le tache goudronneuse (Phyllachora maydis) a été déterminée comme étant une préoccupation économique pour la production de maïs dans le Midwest américain dans la dernière décennie où elle est apparue pour la première fois en 2015 dans les États de l’Illinois et de l’Indiana. Elle a été considérée au début comme une maladie cosmétique mineure ayant un impact minimal sur le rendement du maïs.

Cependant, des épidémies généralisées sévères dans plusieurs États américains en 2018 ont prouvé qu’elle pouvait avoir un impact économique substantiel. Malgré la gravité généralement de la maladie, elle a continué d’étendre son aire de répartition au cours des années suivantes avec de nouvelles confirmations dans certaines parties de l’Indiana, de l’Ohio, du Michigan, du Minnesota et du Missouri, et maintenant dans deux provinces canadiennes.

Le site de Pioneer aux États-Unis indique que la maladie a été détectée une première fois en 1904 au Mexique où on la retrouvait seulement dans des endroits en altitude et en climat humide et frais. Elle s’est propagée dans le dernier siècle où sa présence a été confirmée d’abord en Amérique centrale et en Amérique du Sud.

Le site Crop Protection Network suit la progression de la maladie et partage les informations par le biais d’une carte. Il est possible d’élargir la carte sur le site et de cibler les régions individuellement pour connaître la date de la première détection.

État de la situation en 2025 au Canada et aux États-Unis.

En Ontario et au Québec

Toujours selon le Crop Protection Network, la tache goudronneuse avait été signalée à 13 endroits au Québec et à 30 en Ontario en 2024. Au Québec, les derniers signalements datent d’octobre 2024. Les experts soupçonnent que les spores ont été transportés dans la province depuis l’État de New-York, mais l’absence d’information dans l’État ne permettent pas de le confirmer.

La maladie a été signalée une première fois en Ontario cette année en juillet et on la retrouve maintenant dans l’est de la province. Selon les experts ontariens du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l’Agroentreprise (MAAA), elle est probablement plus étendue. Elle n’aurait juste pas été détectée.

La maladie hiverne une fois installée, mais il ne faut pas négliger ce qui se passe aux États-Unis à chaque saison de culture, selon Albert Tenuta, dans un article de Farmtario. Les conditions météorologiques sont essentielles pour comprendre les risques régionaux et locaux. En Ontario, les producteurs utilisent l’application Tarspotter pour suivre les tendances et les niveaux de risque.

« Outre l’infection locale, l’accumulation locale de spores et le risque de tache goudronneuse, nous avons un important réservoir de spores aux États-Unis, ce qui peut accroître le risque de tache goudronneuse en début de saison », d’après Albert Tenuta.

L’infection des parties basses des plants de maïs signifie que l’infection provient probablement de résidus présents dans le champ, mais lorsqu’elle apparaît d’abord dans la partie supérieure de la plante, il est plus probable qu’elle soit apportée par le vent. Les lésions de tache goudronneuse apparaissent deux à trois semaines après l’infection.

Lorsque les feuilles sont régulièrement humides, la maladie se multiplie rapidement. Peu de spores sont nécessaires. Les conditions sont propices à la formation de la tache goudronneuse quand les feuilles sont mouillées pendant sept heures, avec une humidité relative de 75 % et des températures diurnes fraîches (entre 17 et 23 °C).

À voir ces deux défi maïs qui ont traité de la tache goudronneuse.

En vidéo : La tache goudronneuse: comment l’identifier et la contrôler?

En vidéo : La tache goudronneuse

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.