Le début de la récolte de maïs 2025 s’est fait attendre au Québec, mais il semble que l’attente en ait valu la peine dans certaines régions. Elle a résulté en d’heureuses surprises pour de nombreux producteurs agricoles dont les attentes étaient plutôt basses en raison des nombreuses difficultés connues tout au long de la saison.
« Ça n’a pas été une saison facile », souligne Francis Allard, agronome en développement de marché pour Pride. Il énumère les différents problèmes de la saison de croissance 2025: semis dans des conditions froides, un calendrier de semis retardé, beaucoup d’eau suivi d’une sécheresse en août et septembre, en plus d’un gel hâtif en septembre. Et pour couronner le tout, septembre a débuté par un refroidissement marqué et des nuages. En somme, rien pour faciliter une maturité adéquate des épis.
Le résultat est un rendement très variable, un des plus variables qu’il ait été donné à Francis Allard de constater dans une production de maïs. « C’est ce qui se démarque le plus cette année, la variabilité. Pas seulement d’un producteur à l’autre, mais aussi à l’intérieur d’un même champ, dit-il. On peut passer d’un super rendement de fou à quelque chose de très ordinaire à cause d’une cuvette ou d’une zone plus sableuse. »
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Pas exceptionnel, mais pas la catastrophe
Malgré tout, les rendements semblent être au rendez-vous jusqu’à présent. Ce ne sont pas les rendements exceptionnels de 2024, mais ce n’est pas non plus la catastrophe de 2019. Francis Allard indique que les rendements sont de très bons à excellents en Montérégie et dans Lanaudière. Cela semble plus difficile pour le Centre-du-Québec et l’Est de la province, selon les résultats enregistrés jusqu’à maintenant. Pour la province, il s’attend à des rendements corrects et dans la moyenne.
C’est l’avis aussi de Gabrielle Croft, agronome et conseillère agronomique pour Bayer. Elle constate que les rendements sont plus positifs que prévu, avec beaucoup de variabilité. « C’est certain que les régions qui ont été touchées par un gel mortel en septembre ont malheureusement constaté un impact négatif sur les rendements, dit-elle. Avec les semis qui ont tardé en mai, il manquait encore environ deux semaines pour que la plupart des hybrides de maïs arrivent à maturité. Le gel a donc provoqué une mort prématurée et le grain n’a pas été en mesure de se remplir convenablement. Le grain est alors plus léger et on constate aussi une diminution de rendement par le fait même. »
En plus de la variabilité, la saison en montagnes russes se reflète en effet sur le poids spécifique des grains. Ces derniers dépassent rarement la barre des 70, avec des moyennes s’approchant davantage des 67 et 68 (kg/hl).
Des producteurs ont aussi mentionné l’humidité des grains qui a retardé le début de la récolte et prolonge le séchage cette année.
Francis Allard attribue le rendement inattendu aux recherches qui ont grandement amélioré les hybrides, les rendant plus résistants aux différents stress. Cela démontre également que le maïs est une plante plus forte qu’on ne pourrait le croire. « Le maïs, c’est une battante », résume-t-il.
Des facteurs à considérer
Comme dans les dernières années, les champs qui se distinguent sont ceux ayant été favorisés par une bonne santé des sols. Ils sont plus endurant aux grands écarts d’humidité et de sécheresse. Pratiquer des rotations, semer des cultures de couverture et cultiver des prairies font une différence.
Les sols légers ont également été défavorisés par la durée exceptionnelle du temps sec. Les endroits ayant pu compter sur des pluies localisées en ont aussi grandement profité, remarque Francis Allard. « Ça a beaucoup paru dans les résultats », souligne-t-il.
Les dates de semis semblent avoir aussi joué un rôle. Avec la pluie et le froid, La Financière agricole a même dû proroger les dates de semis jusqu’en juin. Les semis réalisés dans les meilleures conditions semblent avoir le plus tiré leur épingle du jeu : les plus hâtifs ont tiré le diable par la queue dans des conditions froides, ce qui a causé de la variabilité dans la levée, alors que les plus tardifs ont peut-être manqué de temps pour compléter leur maturité.
Peu de problèmes phytosanitaires
En général, le maïs n’a pas enregistré d’importants problèmes du côté des prédateurs ou des maladies foliaires.
Bien que la tache goudronneuse ait été déclarée pour une seconde année au Québec, Francis Allard n’en a pas vu. Il a, par contre, relevé la présence du ver-gris occidental du haricot (VGOH) à chaque jour. « Ça commence à être plus problématique. » Selon lui, les producteurs devront suivre de plus près l’évolution du prédateur, inspecter leurs champs et agir en conséquence.
Des signaux dans les champs
La variabilité de la récolte de cette année a ceci de bon qu’elle met en évidence les problèmes dans les champs. Francis Allard invite les producteurs à analyser leurs cartes de rendement et viser les zones vertes et rouges. « C’est le temps de faire des analyses de sol et d’examiner la texture de sol pour comprendre le problème. Est-ce qu’il vient d’une cuvette, de la compaction ou d’un mauvais drainage? C’est plus facile de faire passer une zone rouge à orange qu’une zone orange à verte. Il faut focuser sur les zones difficiles pour les améliorer », croit l’agronome.
La saison 2025 rappelle aussi qu’il faut faire preuve de prudence avec les hybrides en ne mettant pas tous ses œufs dans le même panier en les diversifiant et ne pas trop étirer l’élastique des UTM pour sa zone.
La saison n’est tout de même pas complétée, comme le rappelle Gabrielle Croft. Des régions ont enregistré les 30 et 31 octobre plus des deux tiers de la pluie habituellement enregistrée pour tout le mois. « Maintenant il ne reste plus que Dame Nature nous amène à nouveau du beau temps pour que les récoltes puissent se terminer. »
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