Luc Bellefroid, branché sur le Midwest américain

Publié: il y a 1 heure

Selon Luc Bellefroid, les traits d’hybrides contre la sécheresse ne peuvent supplanter le semis direct pour préserver l’humidité et les réserves d’eau du sol.

« On ne cherche pas à établir des records de production de maïs-grain à l’hectare, mais ce regroupement américain privé nous permet de nous améliorer », explique Luc Bellefroid, producteur de grandes cultures et copropriétaire avec ses fils, Patrick et Simon, de la Ferme Dohbell2000 située à Saint-Agnès de Dundee, au Sud du Québec, à un jet de pierre de la frontière américaine.

Le regroupement s’appelle TotalAcre et compte deux agriculteurs vedettes, Randy Dowdy (Géorgie) et David Hula (Virginie) qui détiennent des records de production de maïs-grain de plus de 37 Tm/ha décernés par la National Corn Growers Association (NCGA), alors que la moyenne américaine est de 11,8 Tm/ha, et au Québec, de 10,2 Tm/ha.

Luc Bellefroid s’empresse de souligner que les records des deux vedettes américaines sont obtenus sur de petites parcelles irriguées. C’est son fils Patrick, qui a étudié au Collège MacDonald en gestion et technologies agricoles, qui a proposé d’intégrer le groupe en 2022. « On avait des problèmes techniques avec notre planteur et ils nous ont aidés à le régler », explique celui qui travaille en semis direct depuis 23 ans (2002).

La famille Bellefroid de gauche à droite. Patrick avec son fils Marshall, Luc et Simon. Photo: Nicolas Mesly photo: Nicolas Mesly

Le regroupement TotalAcre mise sur la technologie, dont des analyses foliaires hebdomadaires des cultures (maïs, soya, blé), et le partage de données entre ses membres pour prodiguer des conseils agronomiques. Cette adhésion au groupe américain s’inscrit dans le désir d’être toujours à l’affût de nouvelles techniques, car à la vitesse où les choses changent « on risque d’être dépassés », soutient ce producteur avant-gardiste de 62 ans.  

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 « On ne parle pas de politique avec ce groupe », précise-t-il, car l’actuel président Trump ne fait pas l’unanimité même chez les producteurs américains.  

Priorité à la santé des sols

Luc Bellefroid a joint le Club agroenvironnemental du bassin La Guerre dès sa fondation en 1996. L’agriculteur, un ex-producteur laitier, a fait évoluer son entreprise en abandonnant la charrue pour adopter le semis direct et en achetant un premier semoir modifié de six rangs, puis de douze rangs. Ont suivi au fil du temps les rotations de culture et les cultures de couverture, sur des rotations de maïs, soya, blé, ce qui fait que ses champs sont habillés à l’année.

Dans son parcours, Luc Bellefroid explique qu’il ne ferait pas de semis direct sans tasse-résidus, surtout dans un retour de soya. Autre élément sur la santé des sols, Luc Bellefroid porte une attention particulière au pH de ses terres, car celui-ci influe sur la croissance des cultures, tout comme l’assimilation des nutriments par les plantes.

Le producteur porte une grande attention à la gestion de l’eau de surface et souterraine. Les champs sont drainés, nivelés, les sorties de drains et les bords de champs sont enrochés pour empêcher l’érosion du sol et le lessivage des engrais et des produits phytosanitaires. La majorité de ses travaux d’enrochement ont été financés par le MAPAQ.

Le choix des hybrides

Luc Bellefroid sème normalement chaque année de six à huit hybrides de maïs oscillant entre 2900 et 3050 UT en prévision de l’année suivante. Il en sème autant pour le soya et de deux à trois hybrides de blé d’automne. Ses choix d’hybrides OGM sont basés sur le rendement, la tenue des plants, la résistance à certains insectes, dont le ver-gris occidental du haricot (VGOH) et la chrysomèle des racines du maïs.

Simon consigne les données des hybrides. C’est lui qui s’occupe aussi des parcelles sentinelles pour étudier les différentes applications d’engrais azotés. Photo: Nicolas Mesly photo: Nicolas Mesly

Le défi de l’azote

Depuis deux ans, les Bellefroid ont entrepris la culture de parcelles sentinelles de maïs-grain pour déterminer la dose optimale d’azote afin d’obtenir les rendements de 15 Tm/ha de maïs-grain RR et 14 Tm/ha de maïs non génétiquement modifié. « La grande question est de savoir combien d’azote notre sol est en mesure de nous procurer et combien d’engrais chimiques on doit appliquer », explique Patrick.

Ce dernier marche chaque semaine dans deux champs pour récolter des échantillons de feuilles de maïs. Les analyses foliaires hebdomadaires d’azote et autres éléments (comme le phosphore, potassium, etc.) et les recommandations émises par TotalAcre permettent d’ajuster le tir en fonction des rendements désirés.

Selon Patrick, il lui faut 13,4 kg d’azote par tonne métrique de maïs-grain (200 kg)/ha pour obtenir 15 Tm/ha, alors que la moyenne est de 18 kg d’azote par tonne métrique (270 kg/ha).

*Cet article de Nicolas Mesly est une version tirée et adaptée du magazine Le Bulletin des agriculteurs, édition octobre 2025.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Nicolas Mesly

Nicolas Mesly

Journaliste, photographe et agroéconomiste

Nicolas Mesly est agroéconomiste, journaliste et photographe spécialisé dans les enjeux agroalimentaires.