Pluie de robots à Agritechnica

Publié: il y a 5 heures

Le Nexat peut exécuter toutes les étapes de la culture (travail du sol, semis, pulvérisation, récolte).

Il y a deux ans à Agritechnica, les robots et unités de puissance autonomes étaient encore rares. Ils avaient pourtant volé la vedette.

En 2025, le phénomène a pris des proportions impressionnantes : 29 modèles différents étaient présentés, depuis de petits robots d’échantillonnage de sol ou d’entretien de cour jusqu’à des unités de type tracteur dépassant les 200 chevaux.

Les grands noms — CNH, John Deere, Claas, AGCO et Kubota — ont dévoilé des systèmes autonomes déjà très aboutis, avec d’un côté des machines conçues sans cabine, et de l’autre des kits permettant d’autonomiser des tracteurs existants.

À lire aussi

Agritechnica a lieu tous les deux ans à Hannovre, en Allemagne.

Agritechnica 2025 en cinq tendances

Le Salon Agritechnica a une fois de plus frappé fort avec une avalanche de technologies qui redessinent l’avenir de l’agriculture mondiale. Voici cinq tendances observées.

CNH a d’ailleurs présenté le R4, un robot autonome conceptuel hybride diesel-électrique doté d’un relevage trois points pour les outils de travail du sol ou de pulvérisation. Pensé pour les vergers et vignobles, il pourrait arriver sur le marché dans environ cinq ans, selon Luca Ferrari, responsable mondial de la robotique chez CNH.

Chez AGCO, la marque Fendt exposait son robot Xaver, un engin autonome atypique dans la gamme, capable d’assurer des tâches de travail du sol.

Robot Xaver de Fendt.

Aujourd’hui, les usages les plus répandus de l’autonomie concernent le désherbage et le travail superficiel du sol, grâce à des systèmes intégrés qui répondent à la pénurie de main-d’œuvre et à la pression pour réduire les herbicides.

Certains tireront leur épingle du jeu si l’outil fait partie d’un système complet où l’autonomie est intégrée dès le départ et apporte une vraie valeur ajoutée à l’ensemble de la machine.

Quoi qu’il arrive, cette vague d’expérimentation est stimulante : même les concepts qui n’atteindront pas le marché feront avancer l’ensemble du secteur.

Marché canadien

Le fabricant de Nexat vise ouvertement le marché canadien. L’origine du porte-outil remonte au fondateur, Klemens Kalverkamp, qui l’a développé pour créer une technologie agricole de nouvelle génération (Next Excellence Agricultural Technology). Le concept de ce tracteur-porteur est d’exécuter toutes les étapes de la culture (travail du sol, semis, pulvérisation, récolte) avec une seule machine afin d’optimiser le travail et de limiter la compaction du sol.

Selon Robert Krause, responsable du marketing, Nexat est en train de mettre en place une structure de pièces détachées et de service dans la région de Regina (Saskatchewan), convaincue que les grandes plaines céréalières canadiennes (vastes, dégagées et standardisées) sont idéales pour son concept.

Le système, particulièrement adapté aux fermes autour de 2000 hectares, peut recevoir une vaste gamme de modules : semoir, pulvérisateur, applicateur d’engrais, et même une unité de récolte.

Au Salon, Robert Krause a mis à contribution ses partenaires canadiens avec des outils fixés aux deux unités porteuses Nexat présentes sur le site. Il s’agissait notamment d’un semoir K-Hart et d’une plateforme de récolte MacDon sur une moissonneuse géante.

Robert Krause a précisé que Nexat travaille à repousser les limites en largeur de semis et espère atteindre 29 mètres (90 pieds), pour rivaliser directement avec les larges semoirs pneumatiques des Prairies.

Tarifs douaniers : acier, aluminium et beaucoup d’incertitude

Un panel à Agritechnica s’est penché sur l’impact des tarifs américains imprévisibles, qui génèrent un climat d’incertitude majeur.

Parmi les intervenants : Janine Pelikan, qui travaille pour le Thunen Institut für Marktanalyse, un organisme d’analyse indépendant du gouvernement, Régis Legendre, propriétaire de Lucas G, et Donna Boyd, PDG de l’Association des fabricants agricoles du Canada, ont participé à la table ronde.

Régis Legendre a salué la facilité de faire affaire au Canada. Le fabricant français de systèmes d’alimentation pour le bétail a même déménagé à Toronto pour superviser l’expansion nord-américaine de l’entreprise.

Selon lui, les droits de douane sur l’acier ont un impact plus important que leurs 25 % ou 50 %. Il est presque impossible de déterminer quel devrait être le taux de ces droits de douane pour un équipement de grande taille comportant des milliers de composants métalliques.

Les droits de douane s’appliquent-ils à l’acier brut ? Touchent-ils aux pièces en acier manufacturées à valeur ajoutée ? Ou visent-ils l’ensemble du produit ? Même les autorités américaines fournissent peu de réponses.

Résultat : de nombreuses entreprises évitent le marché américain. Krone, par exemple, a annoncé qu’elle ne vendrait plus ses ensileuses complexes aux États-Unis, la gestion des tarifs étant devenue trop lourde.

Lucas G reçoit bien quelques signaux d’intérêt du marché américain, mais Régis Legendre préfère se concentrer sur le Canada, où les ventes progressent depuis leur arrivée il y a deux ans. « C’est facile de travailler avec le Canada. Mais pas avec les États-Unis. »

Il note aussi la croissance des échanges entre le Canada et la France, tout en appelant Paris à ratifier enfin l’accord AECG/CETA, un accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne visant à éliminer ou réduire les obstacles au commerce entre les deux partenaires. D’ailleurs que 10 pays sur 27 ne l’ont toujours pas ratifié.

Cet article de John Greig publié dans Farmtario a été traduit et adapté par Le Bulletin des agriculteurs.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Le Bulletin des agriculteurs

Le Bulletin des agriculteurs

La référence en nouvelles technologies agricoles au Québec.

Fondé en 1918, Le Bulletin des agriculteurs traite des tendances, des innovations et des dernières avancées en matière de cultures, d’élevages et de machinisme agricole dans le but de faire prospérer les entreprises agricoles d’ici.