5 habitudes à prendre pour réussir la succession de sa ferme

Publié: 2 juin 2015

Au Canada, malgré le fait que 99,9 % des entreprises agricoles soient familiales, seulement 30 % de celles-ci sont léguées à la deuxième génération, 15 % se retrouvent à la troisième génération et seulement 5 % se rendent à la quatrième génération. Les raisons qui expliquent cette situation ne sont ni légales ni financières. Elles sont plutôt d’ordre relationnel. En effet, ce sont des conflits non résolus qui détruisent les entreprises familiales.

Afin de faciliter les transitions, le Dr John Fast, consultant en planification d’entreprise, a énuméré cinq habitudes familiales à adopter et à entretenir.

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1. Définir une vision commune du succès

La première chose que le Dr Fast demande à ses clients est d’établir une vision commune d’une transition réussie. Cette vision n’a pas besoin d’être aussi développée que celle d’une grande entreprise, mais chaque membre de la famille doit y adhérer pour que cette dernière se réalise.

Le Dr Fast a aidé une famille dont la vision avait été déterminée par la mère : « Chaque année, tout le monde doit être content de se réunir au souper de Noël ». Ceci représente une succession où tous les membres de la famille s’entendent. Le Dr Fast recommande aux familles de s’habituer à discuter et à raffiner leur vision commune — idéalement, plusieurs années avant la retraite des propriétaires.

2. Éviter la confusion des rôles

Le Dr Fast affirme que les entreprises familiales font face à beaucoup de complexité. Sur une ferme familiale où plusieurs frères et sœurs travaillent avec leurs parents, on retrouve souvent des situations dans lesquelles le père se trouve aussi à être le patron ou encore, un des enfants se trouve à être de facto le patron d’un autre. De telles situations peuvent être blessantes, car des décisions impersonnelles du ressort de l’entreprise peuvent être perçues comme des attaques personnelles.

Le Dr Fast donne l’exemple d’une famille dont le père avait décidé que le quatrième de ses six fils allait prendre la tête de la ferme familiale, ce qui s’est avéré une nouvelle choquante pour ses fils plus âgés. Selon le Dr Fast, cette situation déplaisante aurait pu être évitée si le père avait annoncé cette nouvelle en tant que père plutôt qu’en tant que patron. C’est en tant que père qu’il aurait dû discuter avec ses fils de ce qu’il croyait être la meilleure option pour sa ferme plutôt que de créer la confusion en mélangeant ses deux rôles.

3. Respecter les choix des uns et des autres

Le Dr Fast soutient qu’une des plus grandes embûches dans la planification de la succession est l’incapacité de respecter les choix des uns et des autres. Cette incapacité est une des plus grandes sources de ressentiment dans les familles, particulièrement lorsque des frères et sœurs ont décidé de quitter la succession, mais s’attendent tout de même à recevoir leur part de l’entreprise au moment de la transition. Le manque de respect est mutuel — celui qui a quitté la ferme ne prend pas en considération les sacrifices qu’ont faits ceux qui sont restés tandis que ces derniers ne comprennent pas que celui l’ayant quittée fait toujours partie de la famille et qu’il ressent le besoin de faire partie des discussions concernant la succession même en n’ayant pas nécessairement droit à une part dans l’entreprise. Ces conversations, comme toutes les autres, doivent commencer tôt.

4. Préparer les fondateurs à la transition

Dans tout type d’entreprise, les fondateurs ont souvent de la difficulté à laisser aller leur entreprise. Le Dr Fast explique que ceci constitue un problème énorme dans les fermes familiales. Prendre sa retraite signifie donner le contrôle à un autre et cela peut s’avérer extrêmement difficile pour quelqu’un qui a travaillé toute sa vie à construire une entreprise prospère. Les futurs retraités peuvent craindre que leurs successeurs détruisent ce qu’ils ont bâti ou pire encore, qu’ils aient plus de succès qu’eux.

Pour réaliser un passage réussi à la retraite, le Dr Fast recommande d’encourager les fondateurs à cultiver des passe-temps en dehors du travail bien longtemps avant leur retraite. Il recommande également aux familles de conserver un espace de bureau pour les fondateurs afin qu’ils aient un endroit où aller et où ils peuvent se sentir encore utiles à l’entreprise. Enfin, le Dr Fast encourage les fondateurs à considérer le succès de leurs enfants comme le leur; de voir cela comme une preuve qu’ils les ont bien élevés.

5. Bâtir la confiance par la communication

En fin de compte, selon le Dr Fast, une bonne communication est à l’origine de bonnes relations. Il soutient que l’habitude de communiquer ses sentiments et ses croyances avec sa famille est la plus importante à prendre et regroupe également les quatre autres.

Selon le Dr Fast, ce ne sont pas les conflits qui tuent les gens ou qui les rendent malades de stress, c’est plutôt la peur des conflits. Un conflit peut parfois être camouflé pendant si longtemps qu’il finit par exploser d’un coup et fait mal à tout le monde alors qu’il aurait pu être désamorcé plusieurs années auparavant. Tous les membres de la famille doivent prendre dès maintenant l’habitude d’être ouverts les uns avec les autres et d’exprimer leurs sentiments ainsi que leurs pensées concernant la succession avant que celles-ci ne deviennent source de dispute.

Source : Grainews

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