Ottawa (Ontario), 25 février 2008 – Les recettes monétaires du marché des agriculteurs ont atteint un sommet sans précédent en 2007, principalement en raison de l’accroissement marqué des prix des céréales et des oléagineux. Les producteurs de lait, de volaille et d’oeufs ont touché des revenus plus élevés. Par ailleurs, les éleveurs de bovins et de porcs ont subi la pression conjuguée d’une baisse des prix, d’une augmentation des coûts des aliments et de l’appréciation du dollar canadien.
Les agriculteurs canadiens ont tiré des recettes record de 36,3 milliards de dollars de la vente de cultures et de bétail en 2007, en hausse de 12,2 % par rapport à 2006. Ce total était 14,9 % supérieur à la moyenne enregistrée au cours des cinq années précédentes. Cette période a été marquée notamment par la crise de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) et certaines années où les prix des produits étaient plus faibles.
Les recettes provenant de la vente de cultures ont atteint un sommet de 18,1 milliards de dollars, ce qui représente un niveau 25,0 % supérieur à celui inscrit en 2006 et de 29,1 % au-dessus de la moyenne quinquennale précédente. Bien que les prix des céréales et des oléagineux aient été le grand déterminant de l’augmentation, les livraisons ont également été importantes parce que les producteurs ont puisé dans leurs stocks pour tirer parti des prix élevés.
Les recettes du bétail ont grimpé de 1,7 % pour se chiffrer à 18,1 milliards de dollars; cette progression était attribuable à la hausse des prix des produits laitiers et de la volaille ainsi qu’à l’augmentation des mises en marché. Les recettes tirées des bovins et des porcs ont fléchi dans la foulée de la baisse des prix, tandis que les exportations d’animaux sur pied vers les États-Unis se sont accrues parce que les facteurs économiques afférents à l’alimentation de ces animaux étaient favorables à ce mouvement. Les recettes provenant du bétail étaient supérieures de 3,5 % à la moyenne quinquennale précédente.
Les paiements de programme se sont chiffrés à 4,1 milliards de dollars, en baisse de 9,7 % par rapport à 2006 et de 9,5 % par rapport à la moyenne quinquennale précédente. Ce fléchissement était attribuable en partie à la progression des prix dans le secteur des céréales et des oléagineux.
Les recettes monétaires agricoles totales, qui comprennent les recettes des cultures et du bétail ainsi que les paiements de programme, ont atteint un sommet de 40,4 milliards de dollars en 2007. Il s’agissait d’une augmentation de 9,5 % par rapport à 2006 et de 11,8 % comparativement à la moyenne quinquennale. Il s’agissait également de la première fois que les recettes dépassaient le seuil de 40 milliards de dollars.
Les recettes monétaires agricoles ont connu une hausse dans toutes les provinces, sauf à l’Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick, où elles ont régressé, ainsi qu’en Nouvelle-Écosse et en Colombie-Britannique, où elles sont demeurées stables. Les hausses variaient entre 3,9 % en Ontario et 18,0 % au Manitoba.
Premier indicateur économique
Les recettes monétaires agricoles sont le premier indicateur économique que Statistique Canada met à la disposition du secteur agricole. Elles mesurent le revenu brut des exploitations agricoles seulement. Elles ne représentent pas le bénéfice net des agriculteurs, car ces derniers doivent payer leurs dépenses, leurs prêts et couvrir la dépréciation. Statistique Canada publiera les estimations provisoires du revenu agricole net pour 2007 le 26 mai 2008.
Alors que les prix pour les producteurs de céréales et d’oléagineux ont augmenté sensiblement en 2007 par rapport à des niveaux peu élevés, le coût des intrants a également augmenté. Par exemple, selon l’Indice des prix des produits industriels, les prix canadiens de l’engrais ont progressé de 20,8 % en 2007. En outre, les éleveurs de bétail ont dû faire face à une hausse considérable du coût des aliments pour les animaux. Ainsi, le prix de l’orge fourragère était supérieur de 63,0 % à celui affiché en 2006.
Les recettes monétaires agricoles et les dépenses d’exploitation peuvent varier considérablement d’une exploitation agricole à l’autre en raison de plusieurs facteurs, notamment les élevages ou les cultures choisis, les prix, les conditions climatiques et les économies d’échelle.
De plus, l’appréciation rapide du dollar canadien par rapport au dollar américain réduit les bénéfices des producteurs canadiens qui dépendent largement des ventes internationales. Au cours de 2007, la valeur du dollar canadien a augmenté de plus de 17 % par rapport au dollar américain.
Les recettes des cultures enregistrent des hausses d’au moins 10 % en raison de l’augmentation des prix des céréales et des oléagineux
Les prix des céréales et des oléagineux ont été à la hausse depuis l’automne 2006, soutenus par l’essor du secteur des biocarburants. Depuis, des problèmes de production liés aux conditions climatiques dans de nombreux pays producteurs importants ont resserré les approvisionnements, ce qui a fait grimper les prix à des niveaux que l’on n’avait pas vus au cours des dernières années.
Les recettes tirées du blé (sauf le blé dur) ont bondi de 43,4 % pour atteindre un sommet de 3,2 milliards de dollars en 2007. Les recettes du blé dur se sont hissées à 962 millions de dollars, en hausse de 68,2 % par rapport à 2006. Dans les deux cas, les augmentations provenaient d’une croissance des prix et des paiements de la Commission canadienne du blé, alors que les mises en marché régressaient.
Les recettes de l’orge ont grimpé pour se chiffrer à 793 millions de dollars en 2007, soit le plus haut niveau qu’elles ont atteint depuis 1997. Il s’agit d’une augmentation de près de 80 % par rapport à 2006. Cette montée en flèche était favorisée par des prix record et d’importantes livraisons, particulièrement au cours du quatrième trimestre, les producteurs ayant réalisé une récolte supérieure à la moyenne en 2007.
Les recettes du canola, qui représentaient presque le cinquième de l’ensemble des recettes des cultures, ont atteint un sommet de 3,4 milliards de dollars, en hausse de 37,0 % par rapport à 2006.
Les recettes du soya ont atteint un sommet inégalé de 1,0 milliard de dollars, ce qui correspond à une hausse de 49,3 % comparativement à 2006. Ce bond découlait d’une augmentation de 25,7 % des prix et de 18,7 % des livraisons.
L’accroissement de l’utilisation du maïs dans la production de l’éthanol a fait grimper les prix de 29,7 % par rapport à 2006, tandis qu’une récolte record en 2007 a contribué à propulser les recettes à un sommet de 1,0 milliard de dollars.
Des augmentations dans les secteurs assujettis à la gestion de l’offre soutiennent les recettes du bétail
Les produits assujettis à la gestion de l’offre (les produits laitiers, la volaille et les oeufs), qui représentaient 43 % des recettes du bétail totales, ont été le déterminant principal de l’augmentation de 1,7 % des recettes du bétail en 2007.
Les recettes des produits assujettis à la gestion de l’offre ont atteint 7,9 milliards de dollars, en hausse de 8,6 % par rapport à 2006, ce qui correspond à l’augmentation la plus prononcée observée au cours des 10 dernières années.
Les recettes des éleveurs de bovins et de porcs ont été influencées négativement par la baisse des prix imputable à l’appréciation du dollar canadien et par la hausse des coûts des aliments. Comme plus d’animaux ont été expédiés au sud de la frontière afin de bénéficier d’aliments moins chers, l’abattage au pays a reculé.
Les recettes des bovins et des veaux ont régressé de 2,8 % pour se situer à 6,2 milliards de dollars en 2007, les prix et les mises en marché ayant diminué. Malgré une augmentation des recettes tirées de l’exportation d’animaux sur pied, le ralentissement de l’abattage au pays et du commerce interprovincial a entraîné à la baisse les recettes globales des bovins et des veaux.
Les recettes tirées de l’abattage des bovins et des veaux, qui représentaient presque les deux tiers du total, ont chuté de 6,0 %, en grande partie en raison de la réduction des mises en marché. Les recettes provenant du commerce interprovincial ont régressé de 20,9 %, par suite du fléchissement des mises en marché et des prix. L’augmentation spectaculaire des coûts des aliments a exercé une pression à la baisse sur les prix des bovins d’engraissement.
Les exportations de bovins et de veaux sur pied aux États-Unis ont augmenté rapidement depuis la réouverture de la frontière en juillet 2005. Les exportations ont fait un bond de plus de 35 % en 2007 pour s’établir à 1,4 million de têtes. Malgré cela, les exportations sont restées bien inférieures au niveau antérieur à l’ESB de 1,7 million de têtes atteint en 2002.
Les recettes porcines ont fléchi de 2,5 % en 2007 pour se fixer à 3,3 milliards de dollars en raison de la baisse des prix. Les mises en marché ont augmenté de 1,0 %. Les prix ont principalement subi la pression de l’appréciation du dollar canadien, de la hausse du coût des aliments et de l’abondance des approvisionnements. Les recettes tirées des porcs d’abattage, qui représentaient environ 80 % des recettes porcines totales, ont reculé de 5,4 % pour s’établir à 2,6 milliards de dollars, sous l’effet de la baisse des prix et des mises en marché.
Les agriculteurs ont continué l’exportation de porcs aux États-Unis à un rythme record. Les exportations se sont élevées à 9,9 millions de têtes en 2007, dépassant le précédent sommet atteint en 2006.
Les paiements de programme régressent
On peut attribuer la baisse des paiements de programme principalement à l’élimination progressive du Programme de paiements pour les producteurs de céréales et d’oléagineux. Ce nouveau programme, lancé en 2006, avait versé 747 millions de dollars au cours de l’année. Cependant, en 2007, il n’a versé que 7 millions de dollars puisqu’il tirait à sa fin.
Les paiements effectués au chapitre du Programme canadien de stabilisation du revenu agricole (PCSRA) et des programmes liés au PCSRA ont fléchi de 10,1 % pour s’établir à 1,7 milliard de dollars en 2007.
Les paiements versés dans le cadre du Paiement au titre des coûts de production ont totalisé 319 millions de dollars, amortissant la diminution des paiements de programme. Les paiements de stabilisation et d’assurance-récolte provinciaux, auxquels les producteurs contribuent au moyen de cotisations, ont tous deux augmenté. Les paiements de stabilisation ont progressé en grande partie à la suite de l’accroissement des versements aux producteurs de porcs du Québec.
Recettes monétaires agricoles | ||||||||||||||
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Janvier à décembre 2006 | Janvier à décembre 2007p | Janvier-décembre 2006 à janvier-décembre 2007 | Octobre à décembre 2006 | Octobre à decembre 2007p | Octobre-décembre 2006 à octobre-décembre 2007 | |||||||||
millions de dollars | millions de dollars | |||||||||||||
Recettes monétaires agricoles | ||||||||||||||
Total des recettes du marché1 | ||||||||||||||
Tout le blé2 | ||||||||||||||
Blé, sauf le blé dur2 | ||||||||||||||
Blé dur2 | ||||||||||||||
Orge2 | ||||||||||||||
Recettes différées | ||||||||||||||
Réalisation des recettes différées | ||||||||||||||
Canola | ||||||||||||||
Soya | ||||||||||||||
Maïs | ||||||||||||||
Autres céréales et oléagineux | ||||||||||||||
Cultures spéciales | ||||||||||||||
Pommes de terre | ||||||||||||||
Industrie floricole et pépinières | ||||||||||||||
Autres cultures | ||||||||||||||
Total des recettes des cultures | ||||||||||||||
Bovins et veaux | ||||||||||||||
Porcs | ||||||||||||||
Produits laitiers | ||||||||||||||
Volaille et oeufs | ||||||||||||||
Autre bétail | ||||||||||||||
Total des recettes du bétail | ||||||||||||||
Compte de stabilisation du revenu net | ||||||||||||||
Paiements d’assurance-récolte | ||||||||||||||
Programmes d’aide en cas de désastre lié aux revenus | ||||||||||||||
Programme provincial de stabilisation | ||||||||||||||
Autres programmes | ||||||||||||||
Total des paiements | ||||||||||||||
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Recettes monétaires agricoles provinciales | ||||||||||
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Janvier à décembre 2006 | Janvier à décembre 2007p | Janvier-décembre 2006 à janvier-décembre 2007 | Octobre à décembre 2006 | Octobre à décembre 2007p | Octobre-décembre 2006 à octobre-décembre 2007 | |||||
millions de dollars | millions de dollars | |||||||||
Canada | ||||||||||
Terre-Neuve-et-Labrador | ||||||||||
Île-du-Prince-Édouard | ||||||||||
Nouvelle-Écosse | ||||||||||
Nouveau-Brunswick | ||||||||||
Québec | ||||||||||
Ontario | ||||||||||
Manitoba | ||||||||||
Saskatchewan | ||||||||||
Alberta | ||||||||||
Colombie-Britannique | ||||||||||
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Note aux lecteurs
Statistique Canada ne fait pas de prévisions des recettes monétaires agricoles. Les données présentées sont fondées sur les données des enquêtes et sur les données administratives provenant de plusieurs sources.
Les recettes monétaires agricoles mesurent les recettes brutes des entreprises agricoles en dollars courants. Elles comprennent les ventes de productions végétales et animales (sauf les ventes entre les fermes d’une même province) et les paiements de programme. Les recettes sont comptabilisées lorsque l’argent est versé aux agriculteurs, avant déduction des dépenses.
Les recettes différées représentent les ventes de céréales et d’oléagineux livrés par les producteurs de l’Ouest pour lesquelles les paiements ont été reportés jusqu’à l’année suivante. Étant donné que ces recettes sont fondées sur les livraisons effectuées, les paiements différés sont déduits des recettes monétaires agricoles de l’année civile en cours et inclus lorsqu’ils sont réalisés (voir «Réalisation des recettes différées» dans le tableau des recettes monétaires agricoles).
Les paiements de programme sont les paiements liés à la production agricole courante et versés directement aux agriculteurs. Cependant, la série des paiements de programme ne vise pas à englober tous les paiements versés aux agriculteurs et ne représente pas la totalité des dépenses publiques se rapportant à tous les programmes d’aide. Par exemple, le Programme canadien d’options pour les familles agricoles annoncé en juillet 2006 n’est pas inclus parce qu’il a été établi qu’il ne s’agissait pas du revenu de l’exploitation d’une entreprise à des fins statistiques.
En raison de la diffusion des données du Recensement de l’agriculture de 2006 le 16 mai 2007, les estimations des recettes monétaires agricoles, des dépenses d’exploitation, du revenu net, de la valeur du capital et des autres données contenues dans la série Statistiques économiques agricoles sont révisées au besoin. L’ensemble complet des révisions sera diffusé dans Le Quotidien en novembre 2008.
Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :
Statistiques Canada
http://www.statcan.ca/
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