Le revenu agricole net reculerait de 34% en 2023

Il s’agirait du plus faible revenu agricole au Québec depuis 2018

Publié: 4 janvier 2024

Le revenu agricole net reculerait de 34% en 2023

Plusieurs facteurs se sont combinés en 2023 pour résulter en une conjoncture défavorable pour le secteur agricole. Le rebond des économies après la pandémie s’est estompé et a fait place à une forte croissance des dépenses tandis que plusieurs secteurs reculaient, comme les grains, les oléagineux, le lait et le porc. Résultat, le revenu agricole au Québec enregistrerait une baisse de 34% pour 2023, malgré des recettes record.

Selon l’Agro-indicateur, un modèle économique de la Financière agricole du Québec (FADQ), les recettes monétaires agricoles (RMA) québécoises totales ont connu une faible augmentation de 2,9 % au cours des deux premiers trimestres de 2023, comparativement à la même période l’an dernier. Le modèle de la FADQ estime que cela devrait donner des recettes totales de 12,87 G$, un nouveau sommet.

Là où le bât blesse est que les dépenses totales ont augmenté en contrepartie de 4,1% pour la même période, pour des dépenses estimées à 12,22 G$. En conséquence, le revenu net se situerait à 656 M$, soit 34% de moins que les 992 M$ enregistrés en 2022. Il s’agit également des revenus nets les plus faibles depuis les 569 M$ affichés en 2018.

Les recettes monétaires des productions végétales ont diminué au cours des deux premiers trimestres de 2023 comparativement à la même période l’an passé en raison de la baisse de production de 41% du secteur acéricole. De leur côté, les recettes monétaires des productions animales sont demeurées stables pour la même période avec une très légère hausse de 0,4 %. Les productions bovines et celles sous gestion de l’offre (lait, volaille et œufs) ont connu une forte croissance de leurs revenus, soit de 17 % et 8 % respectivement. Par contre, la production porcine a connu une chute drastique de ses revenus de 21 % ou 211 millions de dollars.

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Les perspectives sont jugées meilleures pour 2024 avec la baisse appréhendée des taux d’intérêt par la Banque du Canada. La hausse des frais liés aux taux d’intérêt devrait avoir des effets à long terme sur les revenus.

Le rapport de la FADQ souligne que les prix des céréales devraient demeurer élevés, surtout pour le soya, en raison des pressions exercées par la guerre en Ukraine. Les ratios stocks/utilisations en 2023-2024 devraient augmenter, sauf pour le soya, selon les prévisions du ministère américain de l’Agriculture (USDA). Dans le cas des productions animales, les prix dans le secteur bovin remontent après une longue disette tandis que les autres secteurs comme le lait ont bénéficié d’un ajustement de prix. Le porc souffre pour sa part de la restructuration qui frappe l’industrie.

Les prévisions économiques tablent sur un stagnation du PIB en 2024 pour le Canada et le Québec. Selon les données de Statistique Canada, le Québec a enregistré deux trimestres de suite de déclin du PIB, ce qui signifie que la province est en récession.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.