Bilan environnemental du territoire situé entre Montmagny et Cacouna

Publié: 29 octobre 2001

Montmagny (Québec), 24 octobre 2001 – Les gouvernements du Canada et du Québec, partenaires du Plan d’action Saint-Laurent Vision 2000 (SLV 2000), ont rendu public aujourd’hui le « Bilan régional rive sud de l’estuaire moyen du Saint-Laurent », territoire situé entre Montmagny et Cacouna. Ce bilan environnemental présente la synthèse des connaissances sur l’état de cette partie de l’écosystème du Saint-Laurent. M. Marc Fleury, président du Comité zone d’intervention prioritaire (ZIP) Sud-de-l’Estuaire, a accepté le document au nom des nombreux partenaires et citoyens du milieu engagés dans la conservation du Saint-Laurent.

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Le secteur de la rive sud de l’estuaire moyen comprend les milieux côtiers, aquatiques et insulaires situés le long de la rive sud du Saint-Laurent entre Montmagny et Cacouna. Les limites ouest et est du secteur correspondent aux limites amont et aval de l’estuaire moyen alors que la limite au centre du Saint-Laurent correspond à la frontière entre les municipalités régionales de comté de la rive sud et de la rive nord. Les caractéristiques biophysiques de ce secteur sont très différentes de celles que l’on retrouve en amont et en aval du secteur de même que celles de la rive nord de l’estuaire moyen.

Le bilan régional du secteur a été réalisé à partir de quatre rapports techniques qui font ressortir les éléments caractéristiques de cette partie du Saint-Laurent, insistant sur les sources de contamination, les ressources biologiques, les usages et les potentiels de mise en valeur.

L’ensemble des quatre rapports techniques a été préparé à partir de données disponibles obtenues auprès de différents ministères du Québec et du Canada, partenaires dans le Plan d’action Saint-Laurent pour lequel une troisième entente quinquennale a été signée en juin 1998. Les ministères concernés sont : Environnement Canada, Santé Canada, le ministère de l’Environnement du Québec, le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, le ministère des Affaires municipales et de la Métropole du Québec et la Société de la faune et des parcs du Québec.

Dans le cadre de cette entente, les gouvernements du Canada et du Québec se sont engagés à soutenir la mise en place de Plans d’action et de réhabilitation écologique (PARE). La phase III du Plan d’action Saint-Laurent Vision 2000 appuie cette approche en favorisant la concertation des populations riveraines et en appuyant financièrement et techniquement la réalisation de projets communautaires.

Ce bilan constitue un outil d’aide à la prise de décision visant à déterminer des priorités communes de conservation et de réhabilitation écologique de ce secteur. Il est destiné aux citoyens, aux industries et aux organismes non gouvernementaux régionaux désireux d’intervenir dans la conservation de leur patrimoine naturel.

Le Comité ZIP Sud-de-l’Estuaire entreprendra, les 16 et 17 novembre prochain, à Rivière-du-Loup, une consultation publique régionale afin de convenir des priorités et des mesures à prendre dans la réalisation d’un plan d’action et de réhabilitation écologique (PARE) pour ce secteur.

On peut se procurer un exemplaire du bilan régional de ce secteur et s’inscrire à la consultation publique en communiquant avec la coordonnatrice du Comité ZIP Sud-de-l’Estuaire, Mme Françoise Bruaux au numéro (418) 722-8833.

Bilan régional rive sud estuaire moyen du Saint-Laurent

Le secteur de la rive sud de l’estuaire moyen comprend les milieux côtiers, aquatiques et insulaires situés le long de la rive sud du Saint-Laurent entre Montmagny et Cacouna. Les limites ouest et est du secteur correspondent aux limites amont et aval de l’estuaire moyen alors que la limite au centre du Saint-Laurent correspond à la frontière entre les municipalités régionales de comtés de la rive sud (Montmagny, l’Islet, Kamouraska et Rivière-du-Loup) et celles de la rive nord (Côte-de-Beaupré, Charlevoix, Charlevoix-Est). Le secteur est caractérisé par des côtes au relief peu accidenté, de larges estrans, une grande superficie de milieux humides et de nombreux îles et îlots.

La flore et la faune dans la partie amont sont dominées par des espèces d’eau douce qui tolèrent les faibles salinités et la turbidité élevée, alors que dans la partie aval, elles sont dominées par des espèces marines qui tolèrent des variations importantes de salinité. Au centre, la faune et la flore sont peu diversifiées et sont dominées par quelques espèces typiquement estuariennes.

Les nombreux îles et îlots abritent un grand nombre de colonies d’oiseaux et d’échoueries de phoques. Le Béluga utilise intensivement la partie aval du secteur du printemps à l’automne, telles que les oiseaux marins, les phoques et les bélugas.

Le port de Gros-Cacouna représente le seul port commercial d’importance. L’Esturgeon noir et l’Anguille d’Amérique sont les deux principales espèces pêchées commercialement. La chasse à la sauvagine, la villégiature et le récréo-tourisme sont des activités très importantes.

Depuis le début du 20e siècle, près de 1000 hectares de milieux humides ont été perturbés ou carrément éliminés le long des rives. Des perturbations proviennent surtout de l’endiguement à des fins agricoles de la partie supérieure des marais intertidaux. Depuis les années 1970, une baisse importante des apports de contaminants provenant de sources éloignées et locales de pollution a été remarquée.

Les caractéristiques du milieu

Milieu physique

  • La côte de la rive sud de l’estuaire moyen est peu accidentée et est bordée par une large plate-forme littorale de moins de 10 m de profondeur où on retrouve une trentaines d’îles et d’îlots.
  • L’estuaire moyen constitue le tronçon du Saint-Laurent où les eaux douces du fleuve se mélangent avec les eaux salées du golfe. Une des grandes caractéristiques de ce secteur est la rétention pendant l’été des matières en suspension transportées par le fleuve. On appelle cette zone, la zone de turbidité maximale.
  • Les marées sont du type semi-diurne. Le marnage moyen diminue de l’amont vers l’aval, passant de 4,9 m dans l’archipel de Montmagny à 3,6 m à Rivière-du-Loup.
  • En été, la limite de pénétration des eaux salées est située près de la pointe est de l’île d’Orléans où elle se déplace avec le va-et-vient des marées sur une vingtaine de kilomètres.

Biodiversité

  • L’estuaire moyen comporte 61 espèces de poissons. Parmi celles-ci, l’Anguille d’Amérique, l’Alose savoureuse, l’Eperlan arc-en-ciel, l’Esturgeon noir, le Hareng atlantique, le Poulamon atlantique et le Saumon atlantique ont une valeur commerciale.
  • Sur 115 espèces d’oiseaux qui nichent en milieu littoral le long du Saint-Laurent, on en retrouve 57 dans le sud de l’estuaire moyen. L’Eider à duvet représente l’espèce coloniale la plus fréquente.
  • Des centaines de milliers d’oies et de canards fréquentent le secteur lors des migrations printanières. L’Oie des neiges est de loin la plus nombreuse et se concentre principalement sur le littoral de l’île aux Grues, de l’île aux Oies et dans la région de Kamouraska.
  • Plusieurs espèces de mammifères marins fréquentent l’estuaire moyen à un moment ou à un autre de l’année. Le Phoque commun et le Béluga y résident en permanence.

Le territoire et ses usages

  • L’affectation des terres le long de la rive sud de l’estuaire moyen est majoritairement rurale ; ce type d’affectation qui comprend l’agriculture, l’agroforesterie et la villégiature occupe 40 p. 100 des rives.
  • Plusieurs territoires protégés sont présents, il s’agit :
    • du lieu historique national de la Grosse-île-et-le-mémorial-des-Irlandais
    • de la Réserve nationale de faune des Iles de l’Estuaire
    • des cinq refuges d’oiseaux migrateurs : Saint-Vallier, Montmagny, Cap Saint-Ignace, l’Islet et Trois-Saumons ;
  • La navigation commerciale est assez importante ; plus de 5000 navires transitent annuellement dans le secteur. Les principaux ports sont situés à Cacouna, Rivière-du-Loup, l’île aux Grues et Montmagny.
  • La pêche commerciale est principalement axée sur deux espèces : l’Esturgeon noir et l’Anguille d’Amérique, les autres espèces étant des prises incidentes. En 1995, la valeur totale des débarquements s’élevait à un peu moins d’un million de dollars.
  • La récolte du duvet de l’Eider à duvet pendant la période de nidification constitue un usage particulier dans l’estuaire du Saint-Laurent.
  • La principale zone de chasse à la sauvagine du Saint-Laurent se situe entre Québec et Saint-Roch-des-Aulnaies.
  • La rive sud comporte de nombreux accès au littoral par la route 132 qui le longe sur de grandes distances. Plusieurs entreprises organisent des croisières donnant accès au milieu marin et insulaire dans le secteur. De plus, on compte plusieurs sites d’interprétation du patrimoine naturel, historique et maritime.
  • La navigation de plaisance, les croisières et les autres activités nautiques sont en croissance.
  • La pêche sportive à l’Eperlan arc-en-ciel et au Bar rayé a connu une baisse significative au cours des dernières années.

Les principaux problèmes environementaux

  • Le transport maritime représente une source potentielle de pollution lors d’accidents maritimes ou encore au cours du transbordement et de l’entreposage de marchandises dans les ports.
  • Le dragage d’entretien des ports, havres de pêche et marinas peut constituer une source de contamination lorsqu’il remet en circulation des substances toxiques qui autrement seraient isolées du milieu aquatique dans les couches profondes des sédiments ou encore confinées à des sites isolés de la circulation générale.
  • La croissance spectaculaire de l’Oie des neiges au cours des dernières années a entraîné une expansion importante des haltes migratoires vers les terres agricoles au printemps. Le broutage des espèces fourragères en début de croissance cause des dommages. Diverses mesures ont été prises telles que les programmes d’effarouchement et la chasse printanière pour atténuer l’impact des oies sur les récoltes.
  • Le développement important des activités récréo-touristiques a soulevé des inquiétudes quant aux impacts possibles de la présence des humains dans les habitats prioritaires pour les oiseaux et les mammifères marins.

Enjeux de santé humaine reliés aux usages

  • De façon générale, les poissons, crustacés et mollusques, à l’exception de l’Anguille d’Amérique, sont peu contaminés par les substances chimiques d’origine anthropique. Pour ce qui est de l’anguille, on recommande aux femmes enceintes, à celles qui allaitent ainsi qu’aux jeunes enfants de s’abstenir d’en consommer.
  • La contamination bactériologique des mollusques constitue un problème important dans l’ensemble de l’estuaire moyen. Les rejets d’eaux usées municipales et la pollution agricole en seraient les principales causes.

Vers le développement durable

  • La récupération des usages liés à la qualité bactériologique de l’eau, tels que la cueillette des mollusques, pourra se faire par l’épuration adéquate des eaux usées municipales, le contrôle des surverses par temps de pluie et le contrôle de la pollution agricole.
  • Les activités récréo-touristiques connaissent un essor spectaculaire. Il importe que ce développement se réalise sans perturber l’habitat ni déranger les espèces.

Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :

Environnement Canada

http://www.ec.gc.ca/

Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS)

http://www.msss.gouv.qc.ca/

Ministère de l’Environnement du Québec

http://www.menv.gouv.qc.ca

Ministère des Affaires municipales et de la Métropole

http://www.mam.gouv.qc.ca/

Santé Canada

http://www.hc-sc.gc.ca

Société de la faune et des parcs du Québec

http://www.fapaq.gouv.qc.ca