Paris (France), 15 décembre 2005 – Le revenu des agriculteurs français a diminué de 10% en 2005, ce qui illustre l’aggravation de la crise du secteur au moment où les dépenses agricoles communautaires sont remises en cause par les Britanniques.
Cette forte chute, après une baisse de 1,6% en 2004 et de 0,8% en 2003, résulte des comptes prévisionnels de l’agriculture publiés jeudi par le ministère.
Hors viticulture, le revenu agricole moyen ne diminuerait que de 3%, souligne l’étude, rendue publique alors que se tient la conférence ministérielle de l’OMC à Hong Kong où se joue une partie de l’avenir de l’agriculture européenne.
Cette baisse importante du revenu agricole provient aussi bien d’un recul des volumes produits que d’une baisse des prix, hors inflation. Elle résulte également des hausses de certains coûts liés aux prix des produits pétroliers.
Elle est surtout dramatique pour les viticulteurs (-36% pour les vins d’appellation d’origine, -37% pour les autres vins). Elle survient après une très bonne année 2004 (avec des augmentations respectives de 47% et 15%).
En moyenne, depuis cinq ans, le revenu viticole baisse en tendance de l’ordre de 7% par an.
Mais la baisse est également importante pour les producteurs de fruits (-15%), à cause de l’atonie de la demande pour les fruits d’été, l’abondance des récoltes et un volume important d’importations dans l’Union européenne, qui pèse sur les prix.
Pour les producteurs spécialisés en grandes cultures, la baisse des revenus s’établit à 14%, en raison notamment d’une diminution de 10% du volume de la récolte des céréales, affectée en partie par la sécheresse.
En revanche, à part l’aviculture fortement touchée par la baisse de la consommation liée aux craintes causées par la grippe aviaire, les prix et les volumes des productions animales progressent. En 2005, le revenu des élevages ovins laitiers augmente de 10% et celui revenu des producteurs de viande bovine de 1%.
Le revenu des maraîchers et des horticulteurs progresse de 6 %.
Pour la FNSEA, le principal syndicat agricole, « l’agriculture est en danger » car le revenu agricole moyen – hors salariés agricoles – est en baisse, pour la « quatrième année consécutive », « de 19% en termes réels ».
Dans un communiqué, la FNSEA qualifie la diminution du nombre d’agriculteurs en France en 2005 (- 2,5% soit « 15.OOO emplois à plein temps ») « du plus gros plan social de l’année en France ».
Pour la Confédération paysanne, « une modification profonde de la politique agricole commune (PAC) est indispensable pour favoriser l’instauration de prix plus élevés et de marchés plus stables ».
« L’annonce de cette baisse va avoir l’effet d’un coup de massue sur la tête des paysans dont l’horizon est obscurci par de sombres perspectives », a déclaré à l’AFP François Lucas, le président de la Coordination Rurale, un autre syndicat minoritaire. « La tendance qui existe depuis 2000 à la baisse des revenus agricoles s’emballe », a-t-il souligné.
Pour Michel Leroy, vice-président des Jeunes Agriculteurs, « la dégringolade des revenus n’est plus supportable, alors que la renégociation du budget de la PAC et les négociations actuelles à l’OMC risquent de nous mettre encore plus en péril ».
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Source : AFP
Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :
Confédération paysanne
http://www.confederationpaysanne.fr/
Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA)
http://www.fnsea.fr/
Jeunes agriculteurs
http://www.cnja.com