Hausse du prix du propane: pas d’inquiétude pour le moment

Publié: 30 septembre 2021

Hausse du prix du propane: pas d’inquiétude pour le moment

À l’image d’autres produits, tels que l’engrais, les prix du propane atteignent des sommets sur les marchés en affichant des niveaux inédits depuis de nombreuses années. L’indice Henry Hub, qui retrace les prix au Canada, affiche une forte hausse depuis le début de l’année, une progression qui semble aller au-delà de la simple tendance haussière à l’approche de la saison froide.

Le prix du gaz naturel selon l’indice albertain de la fin des années 90 à aujourd’hui

La flambée des prix du propane est associée à la hausse des prix des produits pétroliers. Le baril de pétrole a d’ailleurs dépassé récemment les 80 $US le baril, alors que les prix avaient chuté durant la pandémie en 2020. La remontée est étroitement liée à la reprise économique qui alimente la demande, alors que l’offre est restreinte. Par contamination, les prix du gaz naturel et du propane ont joint le pas, un phénomène qui a pris une ampleur mondiale. Le début prématuré de la saison froide en Europe et des problèmes d’approvisionnement ont aussi eu un effet sur les exportations en Amérique du Nord en réduisant l’inventaire au pays, selon un expert consulté par Radio-Canada.

Pour Raymond Gouron, directeur général de l’Association québécoise du propane (AQP), l’année en cours au Québec est qualifiée de « normale » et exempte de crise qui aurait pu être à l’origine de la hausse des prix. Contrairement à la crise de 2019 où les blocages ferroviaires avaient causés une pénurie dans l’Est du pays en pleine récolte, les stocks sont suffisants cette année et le gestionnaire dit ne pas voir d’éléments externes à l’horizon qui pourraient influencer la situation dans l’avenir. « Il s’agit d’une hausse qui est liée au jeu de l’offre et la demande. La demande augmente à cette période de l’année. Comme industrie, on est soumis à la situation des produits pétroliers et à l’offre et à la demande. » L’approvisionnement au Québec se déroule bien, mais les entreprises distributrices de propane ne sont pas à l’abri des fournisseurs qui augmentent les prix à la rampe. « On n’a pas le choix de suivre », ajoute M. Gouron.

Bien que la hausse des prix du gaz naturel et du propane soit impressionnante, la situation n’inquiète pas les Producteurs de grains du Québec (PGQ). « Ce n’est pas préoccupant en ce moment. La saison (de la récolte) est bien amorcée et les conditions font en sorte que les besoins ne sont pas énormes. Il y a aussi beaucoup de producteurs qui ont booké d’avance leurs grains et ils n’ont donc pas l’intention d’en utiliser autant cette année », avance Étienne Lafrance, agent d’information sur les marchés aux PGQ. Les conditions sèches de l’été ont en effet eu comme conséquence d’atténuer l’humidité relative des grains, tandis que les prix élevés sur les marchés ont incité des producteurs à finaliser des contrats de vente afin de profiter des bons prix. La situation est toutefois, bien sûr, différente pour les éleveurs qui auront peut-être à faire face à des coûts supplémentaires, souligne l’agent d’information.

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Les PGQ regardent toutefois attentivement les prix des intrants. « Tout a explosé », résume M. Lafrance. Ce dernier raconte que certains producteurs songent à troquer l’an prochain la culture du maïs pour celle de soya puisque les prix de l’azote ont fortement augmenté. « Il y a une réflexion à faire, mais c’est une situation jamais vu. On ne sait pas quelle direction ça va prendre, les enjeux que cela va représenter et les impacts que cela va avoir jusqu’ici ».

L’expert des marchés fait référence non seulement à la pandémie, mais également à la Chine dont les resserrements du régime ont des effets sur l’accès à certaines denrées, dont le phosphore. Comme l’explique M. Lafrance, la Chine souhaite augmenter sa production interne de grains, ce qui augmente la demande pour les engrais. Toutefois, des interruptions de courant ont lieu dans les usines chinoises de fertilisants en raison des limites imposées sur la production de gaz à effet de serre. Le pays a donc de la difficulté à la fois à combler la demande locale et à respecter ses engagements auprès de ses clients étrangers, explique M. Lafrance. L’incertitude est encore augmenté par le fait qu’il est difficile de se fier aux chiffres chinois.

Dans ce contexte, il est d’autant plus important pour les producteurs de suivre attentivement les marchés et de consulter les chiffres disponibles sur le site internet des PGQ, remarque M. Lafrance. Il invite d’ailleurs les producteurs à s’informer auprès des PGQ en cas de questionnement.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.