Villeneuve-les-Maguelone (France), 1er août 2002 – José Bové a recouvré la liberté après six semaines derrière les barreaux. Sorti jeudi de prison sous les acclamations d’un millier de militants et sympathisants, le médiatique porte-parole de la Confédération paysanne a dénoncé les conditions de détention de la « France du sous-sol ».
Le pourfendeur de la « malbouffe » a quitté la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone, où il avait été incarcéré le 19 juin pour purger le reliquat de sa peine de trois mois de prison ferme dans l’affaire des dégradations du chantier du McDonald’s de Millau le 12 août 1999. Son séjour a été écourté par la grâce présidentielle du 14 juillet.
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Visiblement amaigri – il avait mené un jeûne de protestation au cours de sa détention – mais très souriant, le syndicaliste a longuement embrassé sa compagne Ghislaine, tandis que son comité d’accueil scandait « José à ses moutons, Chirac en prison! ».
José Bové a ensuite pris la parole en se disant « réconforté » par le soutien qu’il avait reçu. « Cette résistance est exemplaire et devrait inciter le gouvernement Raffarin à réfléchir avant d’embastiller les leaders syndicaux ».
Si le leader paysan a dit avoir « bien supporté l’enfermement », il a dénoncé « quelque chose d’insupportable et d’inhumain au pays des droits de l’Homme ». Et il a eu une pensée pour « ceux qui vont rester encore de longs mois derrière les murs de cette prison ».
« Je peux vous dire qu’ils souffrent », a souligné celui qui est de toutes les causes anti-mondialisation. « M. (le premier ministre) Raffarin nous parle de la France d’en bas, moi j’ai vécu pendant un mois et demi avec la France du sous-sol », a-t-il souligné. « Avec des gens qui, en prison, sont obligés, s’ils veulent vivre décemment, s’ils veulent manger correctement, sont obligés de cantiner. »
« Quand j’entends le débat pour dire maintenant il faut les enfermer à partir de 13 ans, je me dis qu’on est véritablement en train de créer des bombes à retardement dans notre société, et que ces gens-là, quand il sortiront, n’auront rien à perdre », a-t-il insisté.
Durant sa détention, José Bové a reçu quelque 2000 lettres par semaine, « ce qui n’est pas le cas de la plupart des prisonniers, seuls et abandonnés ». Des codétenus qui lui ont témoigné de leur sympathie en chantant, avant sa libération, le refrain du groupe « Chanson bifluoré » baptisée « Pour José Bové » sur la musique de « Méditerranée » de Tino Rossi.
La libération de José Bové a drainé un millier de personnes à Villeneuve-lès-Maguelone dans une ambiance de kermesse. Des vacanciers curieux s’étaient joints aux sympathisants et militants de la Confédération paysanne. Une vingtaine de jeunes de la communauté Emmaus des Pyrénées-Atlantiques avaient fait le déplacement, comme tous ceux venus de toute la France.
Sur le parking de la prison, de nombreuses banderoles aux couleurs jaune et rouge proclamaient « Luttes paysannes, luttes de tous ». Une nuée de drapeaux donnaient également le ton: « Solidaires de José », « Non aux OGM » ou encore « Chirac en prison ».
Dans quelques jours, José Bové et sa compagne Gishlaine Ricez s’accorderont des vacances sur leur voilier de 9m. Un répit pour le porte-parole de la Confédération paysanne que de nouveaux rendez-vous judiciaires attendent à la rentrée.
José Bové devra en effet être revenu le 16 septembre pour comparaître devant le tribunal correctionnel de Foix pour la destruction de maïs transgénique. Et il sait d’ores et déjà qu’il risque de retourner en prison pour purger 14 mois de prison ferme, en cas de rejet de son pourvoi devant la Cour de cassation en septembre.
Ces 14 mois correspondent à deux peines: six mois pour la destruction de plants de riz transgénique à Montpellier, huit autres mois pour le fauchage d’une parcelle de maïs génétiquement modifié près d’Agen. Cette dernière peine était assortie du sursis mais il a été révoqué quand la condamnation dans la destruction de riz transgénique à Montpellier est devenue définitive.
Source : AP
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Confédération paysanne
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