Le gouvernement fédéral doit prendre ses responsabilités dans le domaine agricole

Publié: 28 octobre 2006

Québec (Québec), 25 octobre 2006 – « Diminution des revenus nets,accroissement de l’endettement des fermes, impact direct des subventionsaméricaines sur notre secteur agricole, la situation des producteurs canadienset québécois ne cesse de se détériorer. Ottawa doit agir rapidement et prendreses responsabilités afin de renverser la vapeur car, sans une interventionvigoureuse, c’est la survie du secteur qui est menacée. »

C’est en ces termes que le vice-président de l’Union des producteursagricoles (UPA), M. Denis Bilodeau, s’est adressé à Québec auxmembres du Comité permanent des finances de la Chambre des communes.

Dans son mémoire, l’UPA cible trois fronts majeurs : la crise des revenus nets qui touche particulièrement les secteurs porcin et céréalier, le commerce international de même que la fiscalité agricole et forestière.

Du côté des revenus, rappelons que le secteur céréalier s’enlise dans unepériode prolongée de bas prix due particulièrement au Farm Bill américain. Lesolde monétaire des entreprises céréalières québécoises est passé d’unexcédent de 20 100 $ par ferme en 1996 à un déficit de 6 200 $ en 2005. Lesproducteurs sont plus endettés que jamais. Pendant ce temps, le gouvernementfédéral se retire de plus en plus des programmes de protection du revenu,réduisant sa participation de 40 à 20 % et en transférant conséquemment lacharge aux provinces.

La situation n’est guère plus reluisante pour le secteur porcin. Eneffet, mentionnons, entre autres, qu’une très grande partie du cheptel esttouchée par la maladie et que les prix du marché demeurent nettementdéfavorables, en raison notamment de la hausse du taux de change.

Pour le vice-président de l’UPA, « le gouvernement fédéral doit adopterune autre approche, car celle du mur à mur, d’un océan à l’autre, sans tenircompte des spécificités des provinces, ne tient pas la route. Non seulementles sommes prévues sont insuffisantes dans le contexte de crise que nousvivons, mais la formule utilisée pour les répartir entre les provinces ignorela valeur de leurs productions respectives. Ainsi, le Québec n’encaisse àpeine que la moitié de ce qu’il devrait recevoir. C’est inconcevable. »

La question du commerce international est également au coeur despréoccupations de l’UPA. « Nous ne le répéterons jamais assez : le maintien dusystème de gestion de l’offre est non négociable. Est-il nécessaire depréciser qu’il en coûterait, à l’Etat et aux contribuables, jusqu’à3 milliards de dollars annuellement en compensations aux producteurs sousgestion de l’offre si ces mécanismes disparaissaient pour combler l’écartentre les prix internationaux et les coûts de production? Nous n’avons pas lesmoyens, comme société, de nous passer de tels outils, surtout que déjà lesoutien de l’Etat est insuffisant pour les autres secteurs qui ne bénéficientpas de cette formule », d’affirmer M. Bilodeau.

La vitalité, voire la survie, du secteur agricole n’est possible que dansla mesure où Ottawa investira les sommes suffisantes, réparties selon lavaleur de production de chaque province, pour développer et sauvegarder lemeilleur de nos politiques agricoles, dont celle reliée à la protection durevenu. Il faut également mettre à la disposition des secteursparticulièrement en difficulté, tels les céréales et le porc, des mesures quileur permettront, d’une part, de faire face aux bas prix, en raison notammentdes importantes aides octroyées aux producteurs américains et, d’autre part,de surmonter une conjoncture qui leur est défavorable.

Finalement, pour l’UPA, le soutien fédéral doit aller bien au-delà desconsidérations strictement monétaires. « Il est impératif que dans sesorientations en agriculture, le gouvernement facilite l’équilibre du rapportde force sur les marchés. Il doit exercer un contrôle accru aux frontièresconcernant l’importation des ingrédients laitiers. De plus, Ottawa doits’assurer par tous les moyens que les pays mettent fin à leurs pratiquesdéloyales et de contournement des règles à l’OMC par rapport aux subventionset à l’accès aux marchés. Enfin, il doit ajuster les mesures fiscales etforestières afin de mieux répondre aux besoins de ces secteurs », de conclureM. Bilodeau.

Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :

Union des producteurs agricoles (UPA)
http://www.upa.qc.ca/

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