Saint-Georges (Québec), 17 mai 2004 – « Plutôt que de proposer des solutions durables au développement de la production porcine, le gouvernement du Québec vient de démontrer qu’il se désengage davantage dusecteur agricole». Pour le président de la Fédération de l’UPA de la Beauce, M. Jean-Denis Morin, et Mme Lyse Audet, présidente de l’Association professionnelle des producteurs de porcs de la Beauce, les annonces faites par les ministres sont décevantes principalement pour deux considérations.
D’une part, dans le contexte actuel de précarité des revenus à la ferme, les ministères n’ont rien oséproposer en termes d’actions concrètes pour l’accompagnement financier des producteurs, le soutien à larecherche et au développement, de même que la prise en compte de la santé publique.
Bref, pour eux, la levée complète du moratoire ne peut être envisageable que lorsque toutes lesconsidérations suivantes auront été respectées : allocation de budgets supplémentaires correspondant audéveloppement de la production, la problématique de gestion des fumiers, le support aux fermes àdimension humaine (soit 4 UTP), le dépôt du bilan de phosphore requis par le Règlement sur lesexploitations agricoles (REA), la reconnaissance du principe de la gestion ferme par ferme, et la mise enplace d’un tribunal qui pourrait relever de la CPTAQ pour régler les conflits d’acceptabilité sociale.
D’autre part, le fait que le gouvernement transfère aux municipalités une série de pouvoirs etresponsabilités fera en sorte que le moratoire provincial sera transposé à l’échelle régionale. Ainsi,lorsqu’il sera question de nouveaux projets d’établissement, cela risque de provoquer dans le milieu les mêmes affrontements et les mêmes débats émotionnels, toujours en reléguant au second rang les critèresd’objectivité et de rationalité.
Avec ces nouvelles responsabilités, les municipalités locales seront-elles encadrées adéquatement pourvoir à l’application de ces nouvelles mesures réglementaires ? De quels budgets disposeront lesmunicipalités pour assumer leurs nouveaux mandats? Qui paiera pour les mesures de mitigation exigéespar les municipalités?
Les représentants des producteurs agricoles de la Beauce sont d’avis qu’il est à prévoir que ce seront lestrès grandes entreprises qui auront les ressources pour faire les démonstrations techniques et judiciairesen vue de répondre aux exigences administratives et légales à remplir. « Pour les jeunes producteursvoulant opérer des entreprises de type familial, il est fort probable qu’ils n’auront pas les reins assezsolides pour faire cheminer leur dossier dans de tels dédales politiques et réglementaires ».
« Selon nous, tant les producteurs de porcs que l’ensemble des producteurs agricoles ont entrepris levirage agro-environnemental depuis les dernières années. Nous nous sommes engagés à respecter lesnormes et exigences environnementales, entre autres par la production des bilans de phosphore, les plansagro-environnementaux… Nous aurions toutefois souhaité que le Gouvernement du Québec respecteses engagements en rendant disponible le soutien financier supplémentaire qui devait accompagner lesmesures gouvernementales. Au cours des deux dernières années, les producteurs du Québec n’ontobtenu que 40 des 239 millions $ annoncés sur cinq ans par l’État. Est-ce cela un accompagnementfinancier stimulant? » concluent Mme Audet et M. Morin.
Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :
Fédération de l’UPA de la Beauce
http://www.upabeauce.qc.ca/
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