Genève (Suisse), 21 avril 2006 – Les 149 pays membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) se préparaient à manquer leur échéance du 30 avril pour un accord sur la baisse des droits de douane, faute de concessions mutuelles entre pays riches et pauvres après plus de quatre ans de négociations.
Après une semaine de discussions techniques sur l’agriculture et les produits industriels à Genève, une trentaine de pays réunis autour du directeur général de l’OMC, Pascal Lamy, ont reconnu qu’ils ne parviendraient pas à respecter cette date butoir.
Auparavant, le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, avait jugé « de plus en plus évident qu’un accord ne peut plus être préparé pour la fin avril ».
Les ambassadeurs réunis à Genève ont jugé inutile de faire venir des ministres fin avril au siège de l’OMC comme cela avait été prévu dans un premier temps.
Lors de leur conférence de décembre dernier à Hong Kong, les ministres avaient choisi fin avril comme date butoir pour un accord sur la baisse des droits de douane appliqués aux produits agricoles et industriels.
Mais ce point, le plus délicat du cycle de négociations de Doha lancé en 2001 dans la capitale du Qatar, oppose les pays en développement, qui réclament des baisses plus fortes en faveur des produits agricoles, aux pays riches qui exigent la même chose pour les produits industriels.
L’accord aurait dû intervenir dès septembre 2003 lors de la conférence ministérielle de Cancun (Mexique) qui a viré à l’affrontement Nord-Sud. L’échéance avait été ensuite repoussée à décembre 2005, mais Pascal Lamy avait jugé préférable de retirer in extremis ce sujet qui fâche de l’ordre du jour de Hong Kong.
M. Lamy insistait encore ces dernières semaines sur le respect de l’échéance d’avril, qualifiée de « moment de vérité ». « Si cette échéance n’est pas respectée, les chances de conclure le cycle seront beaucoup plus faibles », avait-il averti fin mars.
Pour décider de la voie à suivre, M. Lamy devait réunir lundi l’ensemble des pays membres auxquels il pourrait soumettre une « feuille de route » dans le but de parvenir à un accord au plus tard à la fin juillet, avant la pause estivale de l’OMC. Cette date est considérée comme la limite ultime pour un accord politique avant la conclusion définitive du cycle à la fin de l’année, avec deux ans de retard.
Les négociations qui ont eu lieu cette semaine à Genève se sont déroulées dans une atmosphère lourde, selon des diplomates.
« A l’allure où nous travaillons, nous n’arriverons jamais à conclure », a reconnu l’ambassadeur de Nouvelle-Zélande, Crawford Falconer, chargé des négociations sur l’agriculture, tout en estimant qu’« un miracle est toujours possible ».
M. Falconer a convaincu les Etats membres de négocier de façon continue au cours des six prochaines semaines.
Vendredi à Helsinki, M. Mandelson a accusé les Etats-Unis de manquer de « réalisme » dans les négociations en exigeant de l’UE de fortes baisses des droits de douane sur les produits agricoles.
Alors que l’Union européenne a commencé à réformer ses aides agricoles, soulignait le commissaire, « les Etats-Unis n’ont pas encore réduit d’un dollar ou d’une fraction de dollar leurs dépenses agricoles en pleine escalade », a-t-il fait valoir.
En réponse, Christin Baker, la porte-parole du représentant américain pour le Commerce, a estimé que « la Commission est plutôt douée pour les discours, les conférences de presse et les accusations. Nous souhaiterions qu’elle consacre la même énergie aux négociations nécessaires pour faire de Doha un succès ».
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Source : AFP