Genève (Suisse), 26 mars 2006 – Les discussion sur la baisse généralisée des droits de douane dans le monde patinent à l’OMC, malgré l’approche de l’échéance de fin avril considérée comme vitale pour le sort du cycle de négociations lancé fin 2001 à Doha (Qatar).
Les 149 pays membres de l’Organisation mondiale du commerce n’ont guère rapproché leurs points de vue durant la dernière semaine de négociations consacrée à l’agriculture et à la baisse des droits de douane sur les autres produits, provoquant le découragement de certains.
Don Stephenson, l’ambassadeur du Canada chargé des négociations sur les produits non agricoles, a confié aux pays membres que la discussion lui rappelait le film américain « Un jour sans fin » (Groundhog Day), dans lequel le héros revit tous les jours la même journée.
Quant à la négociation agricole, considérée comme la plus délicate, elle n’a pas « avancé matériellement », a reconnu son président, le Néo-Zélandais Crawford Falconer, même si des progrès ont été enregistrés sur la question de l’aide alimentaire, grâce à une proposition du groupe africain.
Sur le fond, les protagonistes en sont toujours au même point depuis quatre ans, alors qu’ils n’ont en principe que jusqu’à la fin de l’année pour conclure la négociation qui aurait déjà dû aboutir fin 2004.
D’un côté, les pays pauvres réclament un meilleur accès aux marchés des pays riches pour leurs produits agricoles, mais de l’autre le Nord exige une baisse des barrières douanières sur les produits manufacturés et les services.
Un accord intermédiaire doit être absolument trouvé avant fin avril pour la question des droits de douane.
Sur l’agriculture, l’un des principaux motifs de discorde réside dans le souhait de l’Union européenne de réserver un statut spécial à 8% de ses produits d’importation, qui pourraient ainsi bénéficier d’une meilleure protection aux frontières.
Par contraste, les Etats-Unis veulent limiter ce statut spécial à 1% des produits.
Bruxelles propose d’augmenter les quotas d’importation de ces produits sur la base des niveaux actuels d’importation. Mais les grands exportateurs agricoles comme le Brésil exigent que ces augmentations soient calculées par rapport à la consommation de chaque produit dans l’UE, afin de garantir des parts de marché décentes pour les importateurs.
Pour rapprocher les points de vue, le directeur général de l’OMC, Pascal Lamy, qui doit faire le point des différentes négociations mardi avec les Etats membres, pourrait être tenté de leur soumettre un projet de compromis global.
« Mais il faudrait vraiment que la négociation soit désespérée, ce qui n’est pas encore le cas », fait-on valoir dans son entourage.
Pour laisser du temps aux discussions au-delà de la fin 2006, une possibilité serait que le Congrès américain renouvelle le pouvoir de négociation du président pour les accords commerciaux, qui expire à la mi-2007 et oblige l’OMC à conclure les tractations six mois avant.
Mais l’ambassadeur des Etats-Unis à Genève, Peter Allgeier, a jugé vendredi « très peu probable » que le Congrès accorde une telle faveur.
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Source : AFP