Toronto (Ontario), 1 octobre 2001 – « L’utilisation et l’aménagement du territoire ontarien ont leurs limites. Si nous ne respectons pas ces limites, nous causerons de graves dommages aux processus écologiques dont nous dépendons pour assurer notre qualité de vie », a déclaré Gord Miller, commissaire à l’environnement de l’Ontario (CEO), lors d’une conférence de presse qui a eu lieu ce matin à Queen’s Park. M. Miller, qui surveille la conformité des ministères provinciaux à la Charte des droits environnementaux (CDE), a présenté aujourd’hui son rapport annuel pour l’exercice 2000-2001 au président de l’Assemblée législative. Ce rapport s’intitule Tenir compte.
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« Un grand nombre des graves problèmes environnementaux mentionnés dans le rapport sont issus de notre incapacité d’envisager le territoire dans son ensemble et de prendre l’écosystème en considération lorsque nous prenons des décisions », a déclaré M. Miller. Il a ajouté qu’il avait délibérément choisi l’expression controversée « Tenir compte », qui provient de la Loi sur l’aménagement du territoire, parce qu’elle est liée au « débat entourant la façon dont nous aménageons ou entendons aménager le territoire, ainsi qu’à l’incidence de cet aménagement sur l’environnement. »
Plusieurs des questions environnementales soulevées dans le rapport de 2000-2001 portent essentiellement sur l’aménagement du territoire. Par exemple, le commissaire a expliqué que les règlements régissant l’épandage, sur les terres agricoles, des boues d’épuration et des boues d’égout septiques provenant de fosses septiques et de toilettes portatives ne reposent pas sur la nécessité de protéger les eaux souterraines. Au cours de l’exercice, un grand nombre de personnes se sont plaintes au CEO du fait que le ministère de l’Environnement n’appliquait pas adéquatement les règlements régissant l’épandage de ces boues, qui contiennent des éléments nutritifs qui contaminent les cours d’eau, des pathogènes vivants tels que des bactéries et des virus, ainsi que des contaminants à l’état de traces tels que des métaux lourds.
Parmi les autres questions soulevées dans le rapport annuel 2000-2001 du CEO, citons les lacunes au chapitre de l’application des règlements ontariens régissant les 3 R (réduction, réutilisation et recyclage) dans les secteurs industriel et commercial de la province. Dans le cadre d’un projet de recherche, le CEO a constaté que l’Ontario traîne de l’arrière par rapport à d’autres provinces en ce qui concerne le réacheminement de déchets et que de grandes quantités de matériaux recyclables de valeur tels que l’aluminium sont éliminés dans des décharges. Au cours de l’exercice, le CEO s’est également penché sur la pisciculture en cages, une industrie en pleine expansion qui consiste à faire l’élevage de poissons dans des parcs en filets placés dans les Grands Lacs. Les déchets des poissons et la nourriture pour poissons non ingurgitée s’échappent des cages et tombent au fond de l’eau, où ils se décomposent, ce qui consomme de l’oxygène et produit des éléments nutritifs dommageables. Le commissaire a mentionné que, dans le cas d’une installation de pisciculture en cages, il n’y avait pas d’oxygène sur une superficie de 250 hectares au fond d’une baie, ce qui empêche des espèces évoluées d’y vivre.
Lors de la conférence de presse, M. Miller a exhorté le gouvernement à assujettir le ministère de l’Education à la CDE. « Je suis très préoccupé par le fait que, au moment où il y a un besoin pressant pour les Ontariennes et Ontariens de comprendre des questions environnementales complexes, on met fin aux programmes des sciences environnementales et d’éducation en plein air dans les écoles. » En refusant d’assujettir le ministère de l’Education à la Charte des droits environnementaux, « nous empêchons le public de participer à la prise de décisions concernant l’éducation en matière d’environnement dispensée aux enfants ontariens, a ajouté le commissaire. Je ne vois pas comment cette démarche permet d’assurer la durabilité de l’environnement à long terme. »