Bruxelles (France), 27 mars 2001 – L’Union européenne a prolongé mardi les embargos sur le bétail en provenance des pays touchés par la fièvre aphteuse, qui prive les éleveurs européens de la quasi-totalité de leurs débouchés à l’exportation.
Mais la vaccination des troupeaux sains à large échelle n’est toujours pas à l’ordre du jour, même si le Royaume-Uni a demandé mardi l’autorisation préalable de pouvoir procéder à une campagne limitée si la situation devait l’exiger.
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Le comité vétérinaire permanent (CVP) de l’UE a prolongé jusqu’au 19 avril les embargos décrétés sur les exportations du Royaume-Uni et d’Irlande avant de faire de même pour la France et pour les Pays-Bas, mais de manière différente.
Il ne s’agit pas d’une surprise, la France ayant abandonné tout espoir d’une levée rapide de l’embargo depuis la découverte d’un nouveau foyer de fièvre aphteuse en Seine-et-Marne la semaine dernière, après celui du département de la Mayenne.
Pour la France, l’interdiction d’exporter s’appliquera au bétail vivant ainsi qu’à la viande et aux produits laitiers non traités jusqu’au 12 avril, peut-on lire dans un communiqué.
Mais si aucun nouveau cas n’est découvert d’ici au 2 avril à minuit, les mesures frappant la viande et les produits laitiers français seront limitées aux départements de Seine-et-Marne, Seine-Saint-Denis et du Val d’Oise.
Les départements de la Mayenne, où était apparu le premier cas, et de l’Orne voisine, pourront reprendre les exportations.
Pour les Pays-Bas, l’interdiction d’exporter du bétail vivant, ainsi que de la viande et des produits laitiers non traités en provenance des quatre provinces affectées sera d’application jusqu’au 6 avril.
Pour le Royaume-Uni, centre de l’épizootie, la mesure continue à concerner toutes exportations de bétail sur pied, de viande et de produits laitiers non traités.
Les produits laitiers et la viande provenant d’Irlande pourront en revanche être exportés normalement, sauf ceux provenant de la zone du comté d’Armagh (Irlande du Nord) et du comté de Louth (république), où des foyers ont été découverts.
La Russie ferme ses portes
La tâche des autorités européennes se complique chaque jour.
La décision de la Russie, qui interdisait déjà l’importation de bétail vivant de l’Union, d’élargir la mesure à la viande et aux produits laitiers en provenance des Quinze constitue un revers majeur pour les stratèges de la Commission.
Moscou emboîte ainsi le pas à la plupart des pays du monde qui, Etats-Unis en tête, ont mis l’Europe en quarantaine.
Or, la Russie est le plus important débouché pour la viande européenne: l’an dernier, elle a importé 300.000 tonnes de viande bovine et 400.000 tonnes de viande porcine de l’UE.
Cela représente quelque 50% des exportations totales de viande bovine européenne et 30% de ses ventes de porc.
La Commission, qui juge cet embargo « injustifié », se dit rassurée par le fait qu’il n’a été décrété que pour 21 jours, mais ne dispose d’aucune garantie qu’il sera levé ensuite.
« Il est clair que la plupart de nos exportations sont pour l’instant bloquées », a souligné Gregor Kreuzhuber, porte-parole du commissaire européen à l’Agriculture, Franz Fischler, qui a annoncé que 94% des marchés de l’UE étaient désormais fermés.
Faute de pouvoir exporter sa viande, l’UE doit en effet la stocker à un coût prohibitif, ce qui grève un budget déjà épuisé par l’épizootie d’Encéphalopathie spongiforme bovine (ESB).
Dans ce contexte, la vaccination reste une option écartée, du moins pour l’Europe continentale, même si le ministre français de l’Agriculture, Jean Glavany, ne l’a pas exclu.
Outre sa complexité — il faudrait mener plusieurs campagnes avec un résultat incertain -, l’UE mettrait plusieurs années à retrouver son statut d’exportateur, dans la mesure où tous les animaux seraient alors porteur du virus de la fièvre aphteuse.
Seul le Premier ministre britannique Tony Blair envisage désormais « l’impensable », mais c’est l’ampleur de l’épizootie au Royaume-Uni et son insularité qui permettraient cette option.
Nick Brown a officiellement demandé au CVP l’autorisation préalable du CVP de procéder à une vaccination limitée des seuls bovins dans les comtés de Cumbria et du Devon.
Il ne s’agirait que d’une vaccination d’urgence autour des foyers infectés pour tenter de créer une sorte de « pare-feu », mais les animaux ne seraient pas détruits.
Il reste à savoir ce que l’on fera des animaux des zoos.
Si on les vaccine, l’UE perd son statut d’exporateur indemne de la fièvre aphteuse; si on ne le fait pas, des espèces qui n’existent plus qu’en captivité, comme les Okapis, risquent de devoir être abattues et donc de disparaître.
La requête britannique et la vaccination dans les zoos seront examinées mercredi par les vétérinaires européens.
Source : Reuters