Un nouveau blé d’automne 100% québécois

Publié: 5 juillet 2023

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AAC Harfang

Après beaucoup de persévérance, de temps et un peu de chance, le Centre de recherches sur les grains (CEROM) annonce l’enregistrement d’un nouveau blé d’automne entièrement développé par des chercheurs québécois.

Le blé d’automne AAC Harfang a reçu l’assentiment du Comité de recommandation des céréales du Québec (CRCQ) et Comité d’enregistrement des céréales du Canada après trois années de tests dès 2018 avec le Réseau des grandes cultures du Québec (RGCQ). Cette variété a été développée avec le soutien financier des Producteurs de grains du Québec, de Secan et de Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC). AAC Harfang sera disponible en 2023 chez Semences Nicolet, et en 2024 chez les membres de Secan.

« Il performe au-dessus des moyennes. Il a une très bonne résistance à la fusariose et présente une bonne qualité pour l’alimentation animale. Il a une bonne résistance à l’hiver et figure parmi les meilleurs dans les blés d’automne selon le RGCQ. Il a aussi une bonne résistance à la verse », indique Michel McElroy, chercheur en amélioration génétique du blé au CEROM. « C’est au niveau de sa résistance à la fusariose qu’il est le plus impressionnant ».

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Le chercheur ajoute que la variété est cultivable partout au Québec. « Elle a été testée dans chaque zone de la province. On n’aurait pas sorti quelque chose sans avoir au moins une base dans plusieurs endroits de la province ». Il ajoute que cette variété pourrait également se cultiver très bien dans les Maritimes.

C’est M. McElroy qui a repris les travaux débutés en 2009 avec les premiers croisements en blé d’automne faits par André Comeau et François Langevin. Si AAC Harfang se démarque autant face à la fusariose, c’est qu’il est issu d’une population justement développée par Agriculture Canada dans les années 90 pour résister à la maladie.

AAC Harfang a toutefois donné des sueurs froides à l’équipe du CEROM. Les débuts des tests ont coïncidé avec les gros gels de 2019 qui ont été sans pitié pour les céréales d’automne et les cultures pérennes. La malchance a frappé de nouveau en 2020 quand la moitié des superficies semées ont été perdues. L’année 2021 a été la bonne et a soulagé les doutes qui commençaient à pointer. « Je commençais à me demander si j’avais misé sur la bonne variété », se rappelle M.McElroy.

Les prochaines années risquent de voir d’autres produits issus de la recherche émerger. « C’est une période intéressante pour être au CEROM », confirme le chercheur. « On voit les fruits du travail de recherche en amélioration génétique qui est tellement long. » Une nouvelle lignée de blé de printemps et de blé d’automne a été soutenue pour l’enregistrement au Comité de recommandation des céréales du Québec (CRCQ) au début de 2023. Un soya beaucoup plus hâtif est aussi en développement.

Les projets en cours concernent également les cultures de niche, telles que le lin, le quinoa, la caméline, le tournesol et le sarrasin qui ont « beaucoup de potentiel ». Ces cultures sont cependant peu cultivées ici et nécessitent une meilleure génétique. « On veut travailler avec les producteurs agricoles pour voir leurs besoins et s’adapter en conséquence. C’est l’objectif du CEROM », fait valoir M. McElroy qui est convaincu que ces cultures ont un potentiel ici, autant pour leurs produits que leurs bénéfices agronomiques.

Aucun problème n’est insurmontable avec de la recherche, plaide le chercheur qui ajoute que cette dernière prends du temps, de 10, 15 à 20 ans. Elle donne toutefois des résultats, comme le démontre AAC Harfang. « Qu’est-ce qui limite les cultures pour le moment? Ce sont des problèmes de maladie mais ce sont des problèmes qui ont été réglé avec la génétique. »

« L’agronomie et la recherche pour le développement de variétés peuvent travailler main dans la main ».

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.