Le champ est mouillé et c’est le temps d’appliquer un fongicide. On sort le drone? Pour l’instant, ce n’est pas encore permis. Le point sur la question avec Olivier Barmettler, d’OJ Ag, que nous avons rencontré sur la parcelle de démonstration du Bulletin des agriculteurs à Expo-Champs.
Les drones qui font des applications aux champs, ce n’est plus une idée futuriste. Déjà, des pilotes agronomes et agriculteurs québécois réalisent des semis de cultures de couverture ou de cultures principales à petites graines.
Le véritable envol, cependant, aura lieu quand l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) homologuera des pesticides. C’est l’avis d’Olivier Barmettler, dont l’entreprise OJ Ag vend et distribue des drones agricoles DJI au Québec.
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Rencontré à Expo-Champs, Olivier Barmettler est d’avis qu’en matière d’applications aériennes, les drones se comparent très avantageusement aux hélicoptères. « On arrose à deux mètres (au-dessus des cultures), explique-t-il. L’application est plus précise et plus uniforme qu’à partir d’un hélicoptère et il y a moins dérive. On paie pour un pesticide, on veut que la majorité du pesticide aille sur nos plants et non en dérive dans l’environnement. »
De plus, les drones sont à la portée des agriculteurs. Il est tout à fait possible d’en posséder un et de devenir pilote qualifié. La quantité de carburant pour la génératrice qui recharge les batteries au champ est infime comparée à celle que requiert un hélicoptère.
Les drones sont très sécuritaires, explique Olivier Barmettler. Un drone qui s’écrase peut être réparé ou remplacé. Un accident d’hélicoptère aura des conséquences bien plus graves.
Pas au Canada
Aux États-Unis, l’Environmental Protection Agency (EPA) autorise les opérateurs de drone à appliquer les produits qui sont homologués pour les « aéronefs ». Si c’est possible avec un hélicoptère, c’est possible avec un drone. Au Canada, l’ARLA considère qu’un drone est un aéronef « particulier ».
Sur une publication récente de Santé Canada, on peut lire que « lors de l’homologation des pesticides, Santé Canada distingue les drones des aéronefs, car ils présentent des caractéristiques distinctes, telles qu’une capacité de charge et un temps de vol plus faibles, l’accès à des sites éloignés ou à des cultures sur un sol humide ainsi que des risques d’exposition différents pour la personne qui manipule le pesticide et pour l’environnement. »
Santé Canada considère donc que l’application de pesticides par drones « doit faire l’objet d’évaluations de l’efficacité et des risques propres à ce type d’équipement ». En résumé : au Canada, l’application par drone doit figurer sur l’étiquette du produit.
Pour l’instant, seuls quelques produits contenant du Bti ou du Lsph sont homologués pour contrôler les insectes piqueurs. Si les maringouins n’affectent pas vos cultures, vous n’êtes pas plus avancés.
Selon Olivier Barmettler, des tests sont en cours avec plusieurs pesticides à usage agricole en vue d’une application par drone. « « J’espère que l’année prochaine, on aura au moins des fongicides d’homologués. On a beaucoup de demandes pour ça, mais on est obligé de dire non. »
Parmi les pesticides, ce sont les fongicides qui gagneront le plus à pouvoir être appliqués par drone, croit le fondateur d’OJ Ag. « Quand c’est mouillé, c’est là que c’est plus propice aux champignons, dit-il. Si le champ est trop mouillé pour l’automotrice, le drone peut sortir dès qu’il arrête de pleuvoir. » Et s’il le faut, il peut continuer à appliquer toute la nuit.
Voyez l’entrevue avec Olivier Barmettler, en vidéo.
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