Six jours après une tempête d’envergure sur une bonne partie du Québec, l’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ) tente toujours d’obtenir un portrait de la situation.
S’il est difficile encore d’avoir un bilan de l’étendue des dommages, Patrice Léger Bourgoin, directeur général à l’APMQ, peut confirmer que les « dommages sont colossaux ». Le dirigeant hésite à faire le jeu des comparaisons, mais peut dire qu’il s’agit d’une des pires années pour le secteur horticole et maraîcher. « Les pertes seront importantes pour la saison 2023. »
Les prochains jours seront occupés à cumuler les différentes informations sur la nature des dommages, les causes, les cultures et les endroits les plus affectés et les pertes anticipées. L’APMQ a lancé un appel à ses membres pour l’aider à faire un portrait juste de la situation. Depuis deux ans, les événements météo extrêmes s’accumulent, mais avec parfois des effets très localisés, ce qui complexifie la tâche de l’organisme. « Il faut faire des appels et voir parfois rang par rang pour savoir de quelle manière les producteurs sont affectés. Un producteur peut avoir tout perdu, alors que deux à trois kilomètres plus loin, tout va bien », raconte Patrice Léger Bourgoin. Certains producteurs sont dans l’impossibilité de constater par eux-mêmes les dégâts en raison du sol détrempé dans les champs. D’autres essaient de sauver la récolte en cours.
À lire aussi

Les grains plombés par les bonnes conditions
Une semaine après avoir engrangé de fortes hausses, les principaux grains repartent de plus belle à la baisse.
D’autres pertes sont aussi à prévoir. En Estrie, des quantités importantes de pluie plus tôt dans le mois ont ralenti les interventions nécessaires. Conséquence, des cultures sont aux prises avec des prédateurs tels que les limaces. La qualité des produits pourrait également être affectée avec pour conséquence une diminution des revenus pour la récolte 2023.
Interpellé, le MAPAQ a répondu à l’appel, confirme l’APMQ. Une rencontre a eu lieu la semaine dernière et une autre est à l’horaire entre l’UPA, le MAPAQ et la Financière agricole du Québec.
Le directeur de l’APMQ vise à envoyer un « vibrant plaidoyer dans les semaines à venir » aux deux paliers de gouvernement. « Les changements climatiques, ce n’est plus au futur qu’on doit en parler, mais au présent. Les programmes d’assurance récolte qui ont été établis il y a 20-25 ans ne sont plus adaptés à la réalité d’aujourd’hui. »
Patrice Léger Bourgoin signale que la situation financière de plusieurs maraîchers est précaire. Il entend de plus en plus de producteurs renoncer à cultiver une partie de leurs terres pour passer aux grandes cultures.
La conjoncture remet en question la politique d’autonomie alimentaire que le gouvernement tente de mettre en place, plaide le directeur qui souligne que les États-Unis et l’Europe soutiennent davantage leurs producteurs dans une problématique mondiale. « On ne peut pas juste mettre en place des mesures d’urgence à court terme. On ne peut pas laisser l’industrie s’adapter elle-même. Le secteur est trop souvent oublié par les programmes de soutien aux changements climatiques alors qu’il se trouve aux premières loges », illustre Patrice Léger Bourgoin.