La pluie des derniers jours a fait réagir les champs rapidement. Le blé d’hiver est passé en grande vitesse. Tellement que j’ai l’impression de courir en arrière, incapable de le rattraper. J’arrive donc à notre 2e fractionnement d’azote avec un peu de retard, un peu pas mal pour le secteur le plus avancé. Par contre, le granulaire appliqué plus tôt semble avoir suffi à maintenir le rythme.
D’un côté, je me dis que j’aurais dû appliquer avant la pluie, ça m’aurait libéré l’esprit. Mais d’un autre côté, je me serais exposé à plus de perte par lessivage. Je me sens donc plus libéré de ma culpabilité due à mon manque de synchronisme, qui finalement me donnera une meilleure efficacité agronomique.

Par contre, l’agronomie synchronisée, c’est prenant et ça urge. Tout ça en même temps! Je dois traiter mon couvert végétal avant que le canola sorte de terre, de même que procéder à l’arrêt des couverts qui précède le semis du maïs-grain. On planifie cinq jours avant le semis. Le temps que le glyphosate pénètre dans la plante. Objectif : on s’organise pour que le couvert soit en arrêt quand le maïs sortira de terre. Un synchronisme qu’on gère de mieux en mieux afin de garder le sol couvert le plus longtemps possible, de nourrir nos microorganismes, d’assécher le sol tout en captant du carbone.

On a réussi le plus pressant hier et ce matin, j’apercevais déjà de petits plants de canola qui sortaient à travers le couvert végétal. On était à +/- 24 heures de la limite. Vraiment tout un contraste de semer dans le vert, par rapport à nos anciennes méthodes de brassage de sol. Toujours un peu stressant au début, mais on s’y habitue et nos réactions et ajustements sont de plus en plus automatiques. Tout ce qu’on souhaite, c’est d’avoir réussi à bien orchestrer le tout. Les résultats nous le diront. On vit toujours d’espoir. Profession agriculteur.