Êtes-vous bien assuré? Assurance vie, assurance roulant de ferme, assurance accident, assurance maladie, assurance récolte, assurance stabilisation, assurance prêt, assurance toute… Pourtant! Quel est notre principal actif sur une ferme? Actif recherché par tous? Notre sol!
Cibole, c’est vrai je n’ai aucune assurance pour mon sol. Avez-vous pensé comment ça coûterait assurer notre sol? Contre quoi? Il ne peut pas brûler ni se faire voler. Mais on peut perdre du sol par érosion hydrique ou éolienne. Du potentiel par absentéisme. Une journée ici et là, on ne voit pas la différence à l’œil nu. Pourtant, le sol qui disparaît c’est notre meilleur sol. Et s’il se retrouve dans l’eau chargé de minéraux, ça implique un coût environnemental. Quand même bizarre que notre principale ressource ne s’assure pas.
Si je fais un comparable boiteux avec une assurance vie qu’on peut prendre au cas où. Tout en espérant ne jamais en avoir besoin. On nous demande d’avoir un bilan de santé nickel, d’avoir un bon profil psychologique, fumeur non-fumeur, drogue, alcool, poids santé, il demande même si on a dû voir un médecin pour un quelconque malaise. Plus le montant de l’assurance est important, plus les questions sont pointues.
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Nos champs changent
Il suffit de partir cinq jours de la ferme en pleine canicule pour réaliser à notre retour que les champs ont énormément progressé.
Important de mesurer le risque que je prends moi-même avec un sol non assuré. En plus, un sol ne se reconstruit pas en 60 jours, on parle d’années et de plusieurs années pour les problèmes plus graves. Le sol, lui, peut vivre éternellement et n’a pas de fin de vie. Jamais de retraite. II peut aussi faire acte de présence seulement sans aucune motivation. Étant donné que la définition d’un sol en santé varie d’un agriculteur à l’autre, on devrait, au minimum, s’assurer que sa santé s’améliore d’année en année. Attention à la productivité à court terme.
On peut le traiter comme on devrait traiter notre propre santé. Un peu comme quelqu’un très performant au travail, mais hors d’équilibre et au bout de ses ressources. Ça fonctionne jusqu’à ce que le corps sonne l’alarme pour se terminer dans un épuisement total. Pour rendre mon sol en santé et résilient, il faut que je lui offre une alimentation diversifiée. Que je fasse attention à son poids, qu’on pourrait facilement illustrer par le poids qui lui passe sur le corps à répétition. Le protéger des rayons du soleil en le gardant couvert le plus longtemps possible, comme la crème solaire pour notre peau. Planifier des plages de repos en ajoutant des cultures courtes pour se donner de l’espace pour intégrer nos plantes de couverture. Elles vont lui changer le mal de place et lui faire faire de bons exercices. Bien nourrir sa flore intestinale et lui demander comment il se sent entre les deux oreilles. Ben oui! Comment ça va? J’écoute : zzzzzzz!
Les spécialistes de semence nous avisent que l’on n’exploite pas le maximum du potentiel des nouvelles génétiques sur le marché parce que nos sols sont en général plus compactés et que l’alternance maïs-soya a ses limites à long terme et n’assure aucunement le maintien du bilan humique de nos sols. Résultats nos pourcentages de matière organiques sont en baisse.
Je réfléchis à nos commentaires de cet automne : un automne parfait avec des conditions exceptionnelles au champ. Pourtant, ça devrait être la norme si je veux protéger mon sol. Si je n’y arrive pas, je dois planifier mes cultures pour m’assurer de ne pas m’exposer au risque d’une récolte dans de mauvaises conditions ou trop tard en saison. Garder nos sols en santé n’est pas seulement un slogan. C’est une façon d’éviter de payer des surprimes cachées d’assurance sol. Une bonne résolution pour 2022. Faire le bilan de santé de mes sols! Profession agriculteur.