On parle régulièrement de la santé des sols. On veut une certaine santé biologique, une bonne perméabilité, tout en gardant une bonne réserve d’eau disponible pour les plantes, sans compaction, bon équilibre des éléments en plus d’une excellente biodiversité. Il faut donc que je me préoccupe de la matière organique qui, elle, peut faciliter l’équilibre de tous ces éléments en même temps.
Chez nous, faut dire qu’on part de loin avec des matières organiques en bas de 2% au début des années 1990 et qu’on a réussi à remonter légèrement à tout près de 3%. Comment? Grâce au semis direct et aux couverts végétaux de mi-saison qui nous apportent d’excellents apports. On a des endroits à 4% et on pourrait se dire que dans ces secteurs on est parfait. Non, je dois planifier pour maintenir ce niveau parce que si je suis en baisse constante dans 20 ans je vais me retrouver en bas de 3%. Viser un équilibre à long terme. Hum! C’est difficile à passer dans le fichier excel et pourtant. Dans les dernières années on a donc modifié nos types de plantes en espérant maintenir, voire même améliorer, cette progression. C’est long longtemps. Tellement long qu’il arrive qu’on se dise… ouin seulement 0,2% de gain ou de perte, aucune différence! Effectivement aucune différence significative à court terme mais le fait de réaliser que c’est en montant d’un aussi petit % c’est déjà excellent. Probablement que c’est pour cette raison que souvent on la voit baisser légèrement et qu’on se dit : mon sol n’a pas de mémoire. Les rendements sont encore excellents! Alors! À quoi bon m’en préoccuper étant donné que mes performances aux champs sont aussi excellentes et à peu de frais.

Je pourrais faire un exemple avec un employé modèle et performant au travail. Tellement performant qu’on est tenté de lui en demander toujours un peu plus. Un vrai travaillant pas très exigeant. Alors pourquoi je lui paierais des vacances additionnelles ou plus de flexibilité pour ses activités sociales? Ça se termine par des dépenses additionnelles. Ça fonctionne alors pourquoi s’en préoccuper! Jusqu’à ce que l’employé montre des signes de fatigue qui s’accentue pour finalement se retrouver en « burn out ». C’est souvent à partir de là qu’on regrette de ne pas avoir assez investit au niveau de nos ressources humaines et qu’on réalise qu’il est déjà trop tard et qu’on devra tout recommencer à zéro. Donc si on ne veut pas que notre sol se retrouve en « burn out » aussi bien en prendre soin et s’assurer qu’il puisse avoir une vie équilibrée.
Profession agriculteur
À lire aussi

Nos champs changent
Il suffit de partir cinq jours de la ferme en pleine canicule pour réaliser à notre retour que les champs ont énormément progressé.