Deuxième petite gelée consécutive. Les semis de la balance de notre blé d’hiver se poursuivent pendant que l’ensemble de nos superficies sont occupées d’un couvert végétal. C’est frappant comme ça contraste avec nos vielles habitudes des années 1990. En fait, c’est plus qu’un simple couvert végétal, c’est une façon de préparer notre résilience pour la prochaine saison, voire les prochaines années.
J’ai pris le temps de faire le tour pour bien évaluer à l’œil l’uniformité de ce qu’on a semé à date. On a différents types de couverts qui préparent des semis de la majorité de nos cultures. Dans le cas du maïs-grain, en général, on performe très bien avec un mélange de trèfle. Cette année, pour une rare fois, il est resté plus timide que la normale. Ça ne nous donnait pas un grand potentiel de fabrication d’azote. On a donc décidé d’investir davantage en ajoutant un mélange de pois fourrager pour obtenir une meilleure uniformité du couvert. Objectif : optimiser notre capacité à se servir de l’énergie solaire pour permettre aux légumineuses de capter le maximum d’azote de l’air. On a pris soin d’ajouter du radis, des tournesols, du blé hiver et du sarrazin dans le mélange. Toujours bon d’occuper l’espace au maximum en intégrant des plantes qui donnent accompagnées de plantes qui prennent.

Le départ nous semblait lent, mais aujourd’hui, on soupire de soulagement en observant les résultats. Un couvert uniforme qui nous permet d’être plus autonome tout en nous permettant de réduire notre exposition aux risques de hausses de nos fertilisants. À voir notre parcelle d’évaluation 2022 qui s’ajoute à nos sept dernières années d’évaluation, ça nous donne confiance. On réalise qu’on a déjà en main un fort potentiel pour l’année 2023 qui arrive. Preuve qu’un couvert végétal bien planifié n’est pas une dépense, mais bien un investissement rentable qui nous permet de garder notre sol en santé, vivant, en plus d’économiser sur le coût de production. Il est aussi plus vert si on considère que chaque unité d’azote que je parviens à produire avec nos plantes est cinq fois plus efficace par rapport aux émissions de gaz à effet de serre (GES) que la même unité d’azote qu’on achète. Dans ce temps-là, je me sens fier de contribuer à nourrir nos gens tout en faisant ma part comme citoyen à la réduction des GES. Profession agriculteur.