Du carbone sur la carte de crédit

30 ans de semis direct et on se retrouve avec un gain net de 1,5% de matière organique

Publié: 1 février 2022

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Bon résultat d’un couvert de trèfle en sous couvert de notre blé hiver. Un excellent retour d’azote de haute valeur pour notre maïs-grain 2022. Moins de GES, baisse du coût en fertilisant. Solution carbone : laisser la paille sur le champ.

Nos pourcentages de matière organique sont faibles sur notre ferme. On se situe dans une zone de 2,5% à 3,5% dans l’ensemble. C’est quand même excellent, si on compare à nos analyses d’il y a 30 ans. À l’époque, 85% de nos champs se situaient en bas de 2%.

Trente ans de travail réduit de semis direct et on se retrouve avec un gain net de 1,5%. C’est long longtemps augmenter un pourcentage de matière organique. Un agronome nous avait déjà dit : « vos sols ont un fort pourcentage de minéralisation. La matière organique se décompose facilement. Comme si le sol était un poêle à bois la clef ouverte ».

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Dernièrement, un chercheur m’a fait remarquer que le fait de choisir régulièrement des couverts végétaux à haut pourcentage de légumineuse avait d’excellents effets à court terme, mais un prix à payer du côté du carbone. Plus de légumineuse, beaucoup d’azote organique dont les microorganismes raffolent et des tissus faciles à décomposer. En fait, c’est un peu comme mettre du gaz dans le poêle avec seulement du papier journal à brûler. Donc le système fonctionne, mais notre niveau de carbone est sur notre carte de crédit à la limite de manquer de fond. Une alternance maïs-soya seulement est déficitaire. Notre rotation maïs-légumineuse-céréales est un peu mieux, mais on doit remplir les espaces laissés par nos cultures courtes, comme les pois verts, les haricots secs et le blé de printemps.

Un exemple parfait qu’en agriculture tout est question d’atteindre un certain équilibre. Et même dans un système de rotation, il faut toujours tenir compte de tous les facteurs et garder le cap au centre. Je ressors mes notes de gestion de bilan humique de notre sol et je travaille à planifier des couverts un peu plus consistants côté carbone afin de boucher les trous que certains choix de cultures amènent. Faut s’organiser pour que notre carbone entre dans le système aussi facilement que le linge dans notre panier de lavage ? Profession agriculteur.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Paul Caplette

Paul Caplette

Agriculteur et collaborateur

Paul Caplette est passionné d’agriculture. Sur la ferme qu’il gère avec son frère en Montérégie-Est, il se plaît à se mettre au défi et à expérimenter de nouvelles techniques. C’est avec enthousiasme qu’il partage ses résultats sur son blogue Profession agriculteur.