Quand le mot environnement fait peur

Il n’y a rien de plus performant qu’un agriculteur motivé

Publié: 4 avril 2023

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Quand le mot environnement fait peur

Il n’est pas rare qu’au cours d’un atelier de cocréation, on parvienne à trouver des solutions innovatrices pour améliorer les choses. On a des agriculteurs motivés, des agronomes conseils et des intervenants du milieu agricole qui adhèrent à l’idée de base tout en la bonifiant en cours de route. L’idée est prometteuse, équilibrée et elle intéresse nos instances municipales qui sont sur place. Une maudite bonne idée! Ça jase, ça bouille d’objectifs.

Puis, arrive la période de planification à savoir comment on pourra y arriver. Et tout d’un coup, quelqu’un mentionne qu’il faudra que ça passe par le ministère de l’Environnement. Bang! L’atelier s’éteint! C’est le silence et pas seulement du côté des agriculteurs dans la salle. Vous devriez voir le non verbal des gens qui auront à porter le projet. On aurait besoin que Panoramix concocte de la potion magique pour leur permette d’avoir l’énergie afin de traverser la 8e épreuve du formulaire a38 des 12 travaux d’Astérix.

Ça reste un constat frustrant de réaliser que souvent, à la base, on veut bien faire et faire mieux en même temps. Et qu’on doive respecter un règlement qui s’applique à la grandeur de la province sans aucun lien avec la réalité du territoire. D’où l’idée que c’est plus simple pour ceux qui veulent un « certain contrôle », mais que d’un autre côté, ça n’encourage pas l’adhérence des gens sur le terrain. On sent la bonne volonté, mais on s’y prend de la mauvaise manière.

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Quand on discute ensemble de favoriser certaines espèces en péril et qu’un agriculteur se sent inquiet de peut-être en avoir trop fait : sur ses propres terres, à ses frais, pour son plaisir. Il se retrouve avec la peur que quelqu’un de l’Environnement débarque et constate le beau travail et déclare l’endroit intouchable par l’agriculteur lui-même qui a fait tout le travail.

Le même sentiment quand un intervenant nous propose que peut-être l’Environnement pourrait soutenir financièrement une partie d’un projet. On frissonne à l’idée de tout comprendre les petits caractères qui pourraient nous surprendre dans le futur. Ce n’est pas normal et c’est peut-être une des raisons qui font qu’en général, on se fait critiquer de ne pas aller assez vite, alors que souvent ce sont les instances environnementales qui ne sont pas capables de s’adapter à la réalité du territoire agricole.

On devrait avoir certaines de ces personnes sur nos comités de cocréation. Sur le terrain, non pas pour vérifier si on répond au formulaire a38, mais bien pour nous accompagner et nous soutenir afin de faire mieux. De raccourcir les délais de planification des travaux et mettre de l’énergie pour nous aider à aller plus vite. Donc si on veut vraiment avancer plus vite du côté environnemental, on devra comprendre que c’est plus constructif d’appuyer l’innovation environnementale que de la règlementer et enfin comprendre qu’il n’y a rien de plus performant qu’un agriculteur motivé. Profession agriculteur.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Paul Caplette

Paul Caplette

Agriculteur et collaborateur

Paul Caplette est passionné d’agriculture. Sur la ferme qu’il gère avec son frère en Montérégie-Est, il se plaît à se mettre au défi et à expérimenter de nouvelles techniques. C’est avec enthousiasme qu’il partage ses résultats sur son blogue Profession agriculteur.