Après de nombreuses semaines (voir mois…) à être la bête noire des marchés, voilà que le prix du soya semble à nouveau reprendre du pic !!! Mais pourquoi?
Et bien il faut le reconnaître, sur le fond, il n’y a pas de quoi en fait vraiment s’énerver. Si l’on en croit les spécialistes, le soya profite surtout d’un regain d’intérêt pour différentes raisons qui demeurent toutes pour l’instant assez « légères ».
Certains parlent encore et toujours de possibles pertes de récolte en Amérique du Sud. D’autres ont plutôt jeté leur dévolue sur l’idée que la Chine pourrait recommencer à acheter de manière plus importante du soya américain bientôt.
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Dans certaines périodes intenses, comme celle-ci, on a l’impression qu’il y a plus de tâches que de ressources humaines. Tout devient une gestion des priorités.
Techniquement*, le comportement du prix du soya des dernières semaines aura aussi projeté de nombreux signaux positifs tant et si bien que les fervents amateurs « d’analyses techniques » auront été nombreux à concentrer maintenant leur attention sur celui-ci… réaction qui aura en soi d’ailleurs certainement alimenté davantage en elle-même la progression actuelle du prix du soya. Comme disent les Anglais : « a self-fulfilling prophecy » (prophétie qui se réalise du fait que tous commencent à y croire…).
Enfin, le département de l’agriculture des États-Unis (USDA) aura aussi pris le soin d’opérer une petite cure d’amincissement sur les inventaires mondiaux de soya de la fin de cette année (2011-12) dans son dernier rapport mensuel de février, conséquence directe de la sècheresse en Amérique du Sud. Est-ce que cet affaiblissement des inventaires mondiaux a cependant de quoi préoccuper réellement pour l’instant? Pas vraiment comme le révèle le niveau des inventaires de fin d’année prévue pour 2011-12 qui, même s’il recul par rapport à l’année précédente, reste bien au-dessus de la moyenne observée depuis 10 ans (voir le graphique ci-joint).
Est-ce donc dire que la hausse actuelle du prix du soya n’est alors qu’un feu de paille? Pas nécessairement …
En fait, au fil des derniers mois, toute l’attention des marchés s’est concentrée sur le maïs tant et si bien que sa valeur, comparativement à celle du soya, fait en sorte qu’il aura été jusqu’ici incontestable qu’en semer ce printemps était la chose à faire. Et comme de fait, à en croire les 1resprévisions, il devrait se semer une quantité record de maïs cette année aux États-Unis depuis la fin de la 2e guerre mondiale. Même au Québec, des discussions que j’ai eues à ce sujet avec plusieurs producteurs, les astres favorisent aussi d’importants ensemencements de maïs.
Alors s’il y a autant de maïs qui se devrait d’être semé cette année, qui perd au change? Hé oui… le soya ! Ainsi, faute d’une appréciation « suffisante » de sa valeur, les marchés ont commencé à craindre qu’il n’y aura peut-être pas assez de soya en culture cette année pour répondre à la demande l’an prochain. Et à mon avis, c’est là que sur le fond, concrètement, le prix du soya a pu s’appuyer sur du « solide » pour amorcer la relance actuelle de sa valeur. Et tant que nous n’en saurons pas un peu plus sur les intentions d’ensemencement de soya aux États-Unis**, tout donne à croire que le prix du soya devrait demeurer beaucoup plus ferme qu’il ne l’aura été depuis longtemps.
* L’analyse technique consiste essentiellement à étudier le comportement passé du prix à la bourse d’un produit (ou d’une action boursière) à l’aide de différents outils qui tournent principalement autour de l’usage de « graphiques ». Basés sur ces observations, les « techniciens » tentent ensuite de définir la tendance et direction future que devrait suivre le prix.
** Le USDA doit présenter le 31 mars prochain un 1er aperçu des intentions d’ensemencements des producteurs américains pour ce printemps.