Un tracteur autonome conviendrait-il vraiment à votre exploitation ?

La technologie est compatible avec 19 modèles de trois marques : Kubota, Fendt et John Deere

Publié: 13 février 2025

Un tracteur autonome conviendrait-il vraiment à votre exploitation ?

Est-ce que munir sa ferme d’un tracteur autonome est une bonne idée? L’entreprise Sabanto propose aux agriculteurs de tester la technologie avec des essais sur le terrain de son kit de conversion à l’autonomie.

La jeune entreprise innovante Sabanto a présenté un tracteur Kubota M5 équipé de son kit de conversion à l’autonomie lors du Canada’s Outdoor Farm Show à Woodstock, en Ontario, en septembre 2024. Fondée par Craig Rupp en 2018, elle se spécialise dans la transformation des tracteurs conventionnels en machines autonomes en intégrant des systèmes électroniques, de navigation et d’hydrauliques avancés

La jeune pousse propose de déplacer son Kubota dans les fermes afin que les agriculteurs puissent l’essayer et déterminer si un tracteur autonome s’intègre à leur exploitation. Le M5 est un tracteur utilitaire doté d’une puissance limitée, ce qui restreint l’éventail des tâches qu’il peut accomplir. Cependant, selon Craig Rupp, il s’agit peut-être de la meilleure façon d’initier les agriculteurs au concept d’autonomie.

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Commencer simplement

Le plan de Craig Rupp est de débuter avec des tâches simples, les plus faciles à automatiser, avant de passer progressivement à des travaux plus complexes à mesure que le système s’affine avec le temps et l’expérience. « Pour l’instant, je me concentre sur le manque de main-d’œuvre sur les fermes. Mon objectif est de commencer par les tâches les plus monotones, puis de toujours les améliorer pour gagner en efficacité. En tant que start-up, nous devons affiner, perfectionner et résoudre les problèmes », précise l’ingénieur de formation.

Pour les travaux simples nécessitant plus de puissance, Sabanto propose des kits de conversion pour des modèles plus puissants, comme les Fendt de la série 700. Aujourd’hui, la technologie est compatible avec 19 modèles de trois marques : Kubota, Fendt et John Deere.

« C’est un système assez facile à installer, il faut environ une journée », explique Alex Valdez, ingénieur d’application sur le terrain. « Nous ne modifions pas les réglages d’usine du tracteur. Nous nous connectons simplement aux systèmes existants, ce qui nous permet d’obtenir les données télémétriques du tracteur, dit-il. Sur certains modèles, nous ajoutons des actionneurs pour les freins et les contrôles hydrauliques de l’attelage. Mais nous utilisons le GPS et notre propre logiciel propriétaire pour générer des trajectoires qui permettront au tracteur d’exécuter différents types de travaux sur le terrain. »

Le logiciel Path Planner de Sabanto est entièrement personnalisable, permettant aux utilisateurs de définir des tâches spécifiques selon leurs besoins. « Nous pouvons le contrôler à distance via notre interface utilisateur », ajoute Alex Valdez. « Le système génère une trajectoire et l’affiche. Il est même possible d’appuyer sur la touche relecture (play-back) pour visualiser le parcours du tracteur. Une fois que tout vous convient, vous pouvez définir une mission et le laisser travailler. »

Supervision hors site

Si les agriculteurs préfèrent ne pas gérer eux-mêmes la supervision du tracteur autonome, Sabanto propose désormais un service de surveillance à distance. « La nouveauté, c’est que nous avons ce que nous appelons des opérateurs virtuels sur le terrain », explique Craig Rupp. « Ce sont des personnes qui assistent certaines exploitations agricoles avec lesquelles nous collaborons.

Les agriculteurs garent le tracteur dans le champ et la responsabilité de l’opérateur virtuel est de déployer le système, de le surveiller et de le déplacer d’un champ à l’autre. Actuellement, un seul opérateur peut surveiller jusqu’à 12 systèmes simultanément, répartis sur cinq exploitations. » Les tracteurs n’ont pas besoin d’une surveillance constante lorsqu’ils travaillent. Il suffit qu’une personne puisse répondre aux messages qu’ils envoient et les ajuster selon les besoins de l’agriculteur.

Cela signifie également qu’un agriculteur ou un chef d’exploitation peut rentrer chez lui le soir en ayant l’assurance que son tracteur, encore en activité après la fin de la journée, est toujours surveillé. La plupart des systèmes Sabanto utilisent actuellement les réseaux cellulaires pour communiquer avec les opérateurs. Toutefois, d’autres moyens, comme les liaisons satellites, peuvent également être utilisés.

L’avenir

En ce qui concerne les types d’opérations les plus adaptées à l’autonomie, Craig Rupp estime que, pour l’instant, elles concernent les tâches nécessitant un grand nombre d’heures de travail pour des actions relativement simples. C’est pourquoi Sabanto a débuté dans l’industrie des gazonnières, où l’herbe doit être coupée tous les deux ou trois jours, nécessitant des centaines d’heures de travail par saison. « Nous envisageons maintenant de nous attaquer à l’industrie du foin et du fourrage. Certaines exploitations réalisent jusqu’à dix coupes par an.

Est-ce que j’imagine un futur où chaque grain récolté atterrit directement dans les silos sans intervention humaine ? C’est une belle vision, mais nous parlons ici d’un horizon de 20 à 30 ans. »

Cet article de Grainnews a été traduit et adapté.

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