À l’aube d’une nouvelle saison de croissance, les agricultrices et les agriculteurs à travers le Canada ressentent déjà les effets des changements climatiques. Des inondations historiques au Manitoba et des vents dévastateurs dans le sud de l’Ontario ont entraîné la destruction de nombreuses cultures et causé des dommages aux infrastructures agricoles. Pendant ce temps, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux se préparent à une rencontre le mois prochain pour négocier le cadre stratégique le plus important du secteur. Il comprend une entente de financement sur cinq ans, qui orientera les dépenses en agriculture à travers le Canada jusqu’en 2028.
C’est dans ce contexte que Fermiers pour la transition climatique (FTC), une coalition nationale dirigée par des agriculteur·trice·s, sonne l’alarme. Il est impératif que les actions liées aux changements climatiques soient placées au cœur de ce nouveau cadre. L’agriculture est actuellement responsable de 12 % des émissions de gaz à effet de serre. Les entreprises agricoles sont aux premières loges pour assister aux effets des changements climatiques. Toutefois, en adoptant des pratiques qui rendent les fermes plus résilientes aux changements climatiques et réduisent les émissions, elles peuvent également faire partie de la solution. FTC fait la promotion d’une transition vers une agriculture plus respectueuse du climat, et cette transition doit avoir lieu maintenant.
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L’alimentation, première source de GES en production porcine
Si les producteurs de porcs veulent améliorer leur bilan d’émissions de gaz à effets de serre (GES), ils devront d’abord s’attaquer à la principale source d’émission de GES en production porcine : l’alimentation.
« Je ne sais pas si les Canadiennes et les Canadiens comprennent à quel point la situation est urgente », explique Cameron Goff, producteur de céréales et d’oléagineux en Saskatchewan et coprésident du groupe de travail piloté par FTC qui est responsable d’avoir développé ces recommandations. « Tous les ordres de gouvernement se rencontrent le 20 juillet pour décider de l’avenir de l’agriculture. Si nous voulons avoir une chance réelle de lutter contre les changements climatiques, tout le monde doit ramer dans la même direction pour mettre en œuvre des solutions. »
Le plan de FTC est présenté dans son plus récent rapport, Prêts à agir ensemble pour le climat. Ce dernier a été rédigé par un groupe de travail dirigé par des agriculteur·trice·s et composé d’économistes agricoles, de scientifiques du climat et de spécialistes des politiques. Ensemble, le groupe a identifié les façons les plus économiques de réduire rapidement les émissions, de favoriser la résilience pour protéger l’agriculture canadienne et d’aider le Canada à atteindre les cibles de l’Accord de Paris pour 2030. Le groupe de travail a identifié des pratiques à la ferme qui pourraient réduire les émissions agricoles de 14 % au cours des cinq prochaines années et stocker des millions de tonnes de carbone dans les sols agricoles.
« Les agriculteurs et les agricultrices ne sont pas les seul·e·s à être touché·e·s par les changements climatiques. Nous avons besoin de fermes résilientes pour continuer à nourrir nos communautés de façon durable et à soutenir la croissance de notre économie, précise Cameron Goff. Je travaille à réduire les émissions sur ma ferme depuis de nombreuses années. C’est un défi sérieux, mais c’est faisable. Beaucoup d’agriculteur·trice·s éprouvent actuellement des difficultés financières, et cela ne fera qu’empirer avec l’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes. Si le gouvernement veut atteindre ses cibles climatiques et assurer un bel avenir pour les générations à venir, il devra prendre les idées présentées dans ce rapport très au sérieux. Les entreprises agricoles ont besoin de plus d’aide qu’elles n’en reçoivent actuellement. »
« Nous voulons nous assurer que ces recommandations feront partie de cet accord. C’est ce que nous pouvons faire de mieux pour aider les agriculteur·trice·s à faire face à ces événements climatiques extrêmes de plus en plus fréquents », déclare Brent Preston, producteur maraîcher en Ontario et directeur de FTC. « Nous avons travaillé fort pour que ces recommandations soient abordables et accessibles. Nous pouvons ainsi continuer de produire d’une façon qui répond à la demande croissante de notre clientèle pour des aliments durables. Mais ce dont nous avons besoin maintenant, c’est d’un engagement fort de la part de tous nos gouvernements. C’est l’avenir de nos fermes qui en dépend. »
Le plan : une feuille de route ambitieuse pour réduire les émissions et accroître la résilience dans le prochain cadre stratégique pour l’agriculture
Le rapport du groupe de travail a été produit par un groupe interdisciplinaire unique mené par des agriculteur·trice·s. Il est appuyé par des données objectives recueillies auprès de spécialistes en modélisation des GES, d’économistes agricoles, d’agriculteur·trice·s, d’analystes financiers et d’expert·e·s en politiques. Il propose des programmes visant à encourager l’adoption à grande échelle de 19 pratiques agricoles respectueuses du climat qui pourraient réduire les émissions de 10 millions de tonnes et stocker six millions de tonnes supplémentaires de carbone dans les sols agricoles chaque année. Pour plus de détails sur le plan, visitez fermierspourlatransitionclimatique.ca/csa.
Ce rapport s’appuie sur les recommandations que FTC a formulées l’année dernière au gouvernement fédéral, et qui ont entraîné un nouvel investissement de 270 millions $. Cette somme a permis de relancer les efforts des agriculteur·trice·s du Canada en ce qui a trait à la réduction des émissions et a permis d’accroître la sensibilisation et l’adoption de pratiques agricoles respectueuses du climat. Il est maintenant temps de paver la voie pour un secteur agricole plus productif, compétitif et résilient.
À propos de Fermiers pour la transition climatique
Fermiers pour la transition climatique (FTC) est une coalition nationale d’organisations agricoles. Elle représente plus de 20?000 agriculteur·trice·s et éleveur·euse·s d’un bout à l’autre du Canada. Les entreprises agricoles membres de FTC ont déjà commencé à mettre en place des pratiques de gestion bénéfiques (PGB) sur leurs fermes et leurs ranchs. Ces pratiques sont reconnues pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), séquestrer le carbone et accroître la résilience face aux changements climatiques. Des politiques publiques et d’autres mécanismes de soutien sont nécessaires pour accélérer considérablement l’adoption de ces pratiques. Cet appui doit reconnaître la grande diversité des agriculteur·trice·s et des entreprises agricoles au Canada.